Il y a un an, une Américaine originaire du Kentucky avait posté sur son compte Facebook des photos d'elle avec la girafe qu'elle venait juste de tuer en Afrique du Sud. Tout sourire sur la photo, Tess Thompson Talley écrit dans son post (supprimé depuis) : "Des prières pour la chasse de mes rêves qui est devenue réalité aujourd'hui ! J'ai repéré cette rare girafe mâle noire et je l'ai suivie pendant un certain temps. Je savais que c'était le bon. Il avait plus de 18 ans, faisait 1800 kilos et j'ai eu la chance de pouvoir obtenir 907 kilos de viande de lui."
Un an plus tard, le compte Twitter d'un média sud-africain a déterré la photo du fond des internets avec ce texte : "Une sauvage blanche américaine qui est en partie une Néandertalienne vient en Afrique et abat une girafe noire très rare grâce à la stupidité de l'Afrique du Sud. Elle s'appelle Tess Thompson Talley. Veuillez partager".
Des internautes du monde entier sont maintenant vent debout contre elle.
Interrogé par le média américain conservateur Fox News, la chasseuse tente de se justifier : "La girafe que je chassais était la sous-espèce sud-africaine de la girafe. Le nombre de cette sous-espèce est en fait en augmentation en raison des chasseurs et des efforts de conservation payés en grande partie par la chasse au gros gibier. La race n'est pas rare, si ce n'est qu'elle était très ancienne. Les girafes s'assombrissent avec l'âge." Elle ajoute avec aplomb : "C'est ce qu'on appelle la conservation par la gestion du gibier."
Selon la Giraffe Conservation Foundation (GCF), l'espèce de girafe que Tess Thompson Talley a tuée a une population de 39 000 individus et ne serait pas en danger. Interrogé par Yahoo Lifestyle, Julian Fennessy qui est le cofondateur de la GCF explique : "La girafe sur la photo est de l'espèce sud-africaine Giraffa giraffe, qui ne sont pas rares - elles sont en augmentation dans la nature. La chasse légale à la girafe n'est pas une raison de leur déclin, malgré le côté moral et éthique qui est une autre histoire."
Ce n'est pas la première fois qu'un ou une chasseur·euse s'attire les foudres d'internet pour une photo de trophée. On se souvient du dentiste Walter Palmer qui avait tué le lion Cecil en 2015. Il avait dû se cacher suite à l'affaire. Ce tourisme de chasse rapporte chaque année 2 milliards de dollars à l'Afrique du Sud, soit plus de 1,7 milliard d'euros selon la BBC.
Sur les menaces qu'elle a reçues, Tess Thompson Talley ne comprend pas. A Fox News, elle répond : "Je comprends que la chasse n'est pas pour tout le monde ; c'est ce qui fait la grandeur de ce monde, ce sont les différences. Mais faire des menaces à qui que ce soit parce qu'ils ne croient pas comme vous, c'est totalement inacceptable. S'il s'agissait d'une conviction différente, les menaces et les insultes seraient considérées comme hideuses. Cependant, pour une raison quelconque, il est correct d'agir de cette façon parce que c'est de la chasse."
En France, l'humoriste très engagé dans la défense des animaux Remi Gaillard s'est fendu d'un tweet pour l'insulter.
Sur Instagram, on peut retrouver un compte qui défend la chasseuse : reelcamogirl. Un espace assez hallucinant où plus de 20 000 abonnés poste des photos de femmes avec leurs trophées de pêches ou de chasse. Il distille des conseils de photographe pour prendre des photos qui mettent les chasseuses en valeur avec leur gibier. On y voit des images perturbantes de femmes posant avec des ours morts par exemple. En juin 2017, les propriétaires du compte avait publié un témoignage de Tess Thompson Talley avec la photo de la girafe : "Un moment de fierté ! Meilleur souvenir en camouflage à ce jour, la chasse n'est peut-être pas pour tout le monde, mais c'est MA Passion ! Je suis reconnaissante pour chaque chasse et chaque souvenir ! Je vis pour chasser."