Se soigner avec de mauvais dosages augmente le risque d’être confronté aux fameux « effets indésirables », cet inventaire à la Prévert généralement peu ragoûtant d’affections liées à la prise d’un médicament censé portant nous soigner. Du coup, lorsque l’on apprend que de récentes recherches ont mis en évidence des dosages médicamenteux pas toujours ou suffisamment différenciés en fonction des sexes, on peut légitimement ne pas se sentir très rassuré-e-s. Selon le New York Times, il y a un an, la FDA (Food and Drug Administration) a conduit des tests sur un nouveau somnifère, l’Intermezzo, dont le principe actif se retrouve dans de nombreuses autres pilules du sommeil.
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Un des tests a ainsi mis en lumière d’importantes différences de métabolisation du composé actif du médicament, le Zolpidem, entre les hommes et les femmes - différences qui étaient jusque là sous-estimées. Résultat: les femmes métabolisent moins bien ce composé, qu’il convient donc d’administrer à des doses moins importantes que ce qui était recommandé auparavant. L'effet a été celui d'une bombe - tous les médicaments à base de Zolpidem ont depuis vu leur dosage réévalué en fonction du sexe.
Du coup, puisque ces différences de dosage pourraient affecter de nombreux autres médicaments, la FDA s’est emparée du problème. Et a envoyé une liste de recommandations aux grands groupes pharmaceutiques du pays. Depuis des décennies, rapporte le New York Times, une grande majorité de tests cliniques auraient été effectués sur des hommes. Et en laboratoire, les rats mâles sont souvent préférés à leurs consoeurs femelles, apparemment en raison du risque de « faux » résultats liés aux hormones chez ces dernières.
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Evidemment, le problème ne s’arrête pas aux Etats-Unis. Un article de Science et Vie s’apprête à paraitre sur le même sujet, et devrait dresser un panorama des pratiques en France et en Europe. Mais ce n’est pas comme si il s’agissait d’une soudaine prise de conscience: Antonio Fischetti, de Causette avait déjà publié un article sur le sujet sur Rue89 en décembre 2012. On y apprenait déjà par exemple que la majorité des anxiolytiques ne sont testés que sur des hommes, alors que les femmes sont 2,25 fois plus sujettes à l’anxiété que l’autre sexe. Ou que 79% des antidouleurs subissent exactement le même sort.
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Idem pour certains vaccins qui seraient surdosés chez les femmes, car elles disposent d’une meilleure réponse immunitaire que les hommes. Selon l’auteur, la prévalence des cobayes mâles sur les femelles serait technique, mais aussi culturelle: « En filigrane, il y a aussi l’idée que ce qui est valable pour un [rat] mâle l’est forcément pour une femelle », écrit-il. Une forme de sexisme, en somme. Et si l’égalité hommes-femmes passait aussi par l’égalité entre les rats et les rates de laboratoire?