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Don d'ovocytes : le vide français
Publié le 9 novembre 2011 à 10:01
Par Marine Deffrennes
Quelques centaines de Françaises se plient à la démarche compliquée du don d'ovocytes chaque année ; il en faudrait quatre fois plus pour répondre à la demande des couples stériles et éviter les fuites à l'étranger. En cause, le manque d'information et de centres de collecte, pointés du doigt par une campagne de l'Agence de la biomédecine. Le point avec sa présidente, Emmanuelle Prada-Bordenave.
Don d'ovocytes : le vide français Don d'ovocytes : le vide français© AbleStock.com
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Terrafemina : En 2009, 328 femmes ont fait don de leurs ovocytes en France, et 190 enfants sont nés grâce à ce type de don. Quelle est la demande réelle en France ?

Emmanuelle Prada-Bordenave : Ce que nous savons c’est que fin 2009, 1673 couples restaient en attente d’un don d’ovocytes. Sachant qu'un don permet de répondre effectivement à la demande de deux couples, il manquait donc près de 800 donneuses cette année-là… Et cela ne comprend pas tous ceux qui sont allés directement à l’étranger pour trouver des ovocytes plus facilement. Cela montre bien que notre offre de soin en cette matière est très insuffisante.

TF : Quels couples sont concernés ?

E. P.-B. : Le recours à un don d’ovocytes concerne les couples où la femme souffre d’une malformation congénitale qui l’empêche de produire des ovocytes (absence d’ovaires ou dysfonctionnement), elle peut aussi ne plus fabriquer d’ovules suite à une maladie. L’arrêt de la production de gamètes se produit également avec l’âge, dans le cadre d’une ménopause précoce par exemple, autour de 40 ou 45 ans. Le don d’ovocytes constitue le seul recours pour ces couples-là. Heureusement ils ne sont pas si nombreux, puisque le don d’ovocytes ne concerne que 0,9% des procédures d’AMP (Assistance médicale à la procréation), contre 6% qui nécessitent un don de spermatozoïdes et 94% qui ne requièrent pas de don de gamètes.

TF : Vers quels pays se tournent les couples français en mal de don d’ovocytes ?

E. P.-B. : Un certain nombre de pays ont une démarche très volontariste de recueil d’ovocytes. L’Espagne en particulier rémunère les donneuses à raison de 900 euros par don, et disposent donc d’un stock qui attire les patients français. Selon la loi européenne, tout citoyen a le droit de se rendre à l’étranger pour bénéficier d’un soin qui n’est pas disponible dans son pays, ou qui est soumis à un délai trop long. Les principes de gratuité, d’anonymat et de volontariat du don, qui priment dans le système français, empêchent évidemment de « recruter » des donneuses comme en Espagne.

TF : Comment expliquer la faible mobilisation des femmes quant au don d’ovocytes, à une époque où les problèmes de stérilité s’imposent dans toutes les conversations féminines ? Est-ce qu’elles sont réticentes à donner une partie d’elles-mêmes ?

E. P.-B. : Il faudrait d’abord qu’elles soient mieux informées. Nous avons beaucoup de retard dans la pédagogie et l’organisation du don, l’IGAS vient de remettre un rapport dans ce sens au ministre de la Santé. Le don est mal connu, certaines femmes, et même des praticiens de la santé, pensent encore que c’est interdit ! Il y a encore 12 régions en France qui ne disposent pas d’un centre de collecte d’ovocytes, et ceux qui existent peinent à s’organiser, faute de financements. Le processus de don d’ovocytes est assez lourd, et nécessite un accompagnement de la donneuse sur au moins deux mois si l’on comprend la phase d’écoute et de préparation, l’acte médical de stimulation ovarienne et la ponction. D’après les témoignages que nous recueillons auprès des donneuses, on constate que le don d’ovocytes est une affaire de solidarité féminine, et qu’il y a peu de réticences quant au fait de donner un peu de soi à une autre. Il n’est pas simple de faire cette démarche, cela prend du temps, c’est un acte de pure générosité. Les femmes considèrent que le fait de porter l’enfant crée un lien très fort, qui compense en quelque sorte la stérilité de départ.

TF : La révision des lois bioéthiques de juillet 2011 a accordé aux femmes n’ayant pas encore eu d’enfant de donner leurs ovocytes. Cette nouvelle disposition peut-elle remédier à l’insuffisance des dons ?

E. P.-B. : En effet la loi s’est alignée sur la plupart des autres pays qui admettaient déjà qu’une femme qui n’a pas eu d’enfant puisse donner ses ovocytes, avec l’accord de son conjoint s’il y en a un. Une autre condition a été associée à cela : le principe de la préservation de la fertilité. Les couples qui n’ont pas encore eu d’enfants et qui font un don de spermatozoïdes ou d’ovocytes, pourront faire conserver une partie de leurs gamètes, pour le cas où l’un des deux perdrait sa fertilité. En pratique, les centres n’ont pas encore pu mettre en place un circuit d’autoconservation, cela exige, encore une fois, une organisation complexe, et il n’y a pas encore eu de décret d’application. Nous verrons si cela fait grimper le nombre de dons.


Les conditions pour donner ses ovocytes

-    être en très bonne santé
-    être âgée de moins de 37 ans
-    être majeure
-    donner son consentement écrit

La procédure pour donner ses ovocytes

-    première phase d’écoute psychologique et préparation
-    batterie de tests pour rechercher les maladies infectieuses et les pathologies contre-indiquées avec la stimulation ovarienne
-    vérification génétique du patrimoine transmis (étude chromosomique et familiale)
-    stimulation ovarienne par injection de médicaments (à domicile) pendant 12 jours
-    ponction en bloc opératoire par voie vaginale sous anesthésie ou analgésie

Trouver un centre de don :
-    numéro Vert : 0 800 541 541
-    dondovocytes.fr
-    dondespermatozoides.fr

Crédit photo : AbleStock.com

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Le dossier de la rédaction sur l’infertilité
Le dossier de la rédaction sur la révision des lois bioéthiques
Donner pour créer des vies
Lois bioéthiques : le don de gamètes devrait rester anonyme
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Mots clés
Home Solidarité grossesse enfants parentalité
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