"Mon corps est le mien". Cet adage féministe semble indémodable, tant les droits fondamentaux des femmes, et notamment le droit à disposer librement de leur corps, ne cessent d'être menacés à travers le monde, qu'il soit question de l'interruption volontaire de grossesse, de la précarité menstruelle ou encore de la pluralité des violences sexistes et sexuelles. Et c'est justement ainsi que s'intitule un nouveau rapport du Fonds des Nations Unies, qui se permet de tirer la sonnette d'alarme.
Selon ce document détaillé, près d'une femme sur deux serait privée des libertés associées à son corps, et ce dans pas moins de 57 pays différents. A travers ces "libertés" énoncées, un spectre large, nous renvoyant aussi bien à la perduration des prétendues "traditions" les plus archaïques (comme le fléau de l'excision) qu'à la restriction dans certains pays du recours aux moyens de contraception. Plus que de "libertés", c'est "d'intégrité" qu'il est également question : l'intégrité physique des filles et des femmes à travers le monde.
Une intégrité menacée, opprimée, si ce n'est meurtrie.
A travers cette notion d'intégrité, s'immisce celle, cruciale, "d'autonomie corporelle", indépendance dont sont privées bien des citoyennes. Autonomie sexuelle, absence de pouvoir de décision quant à sa santé intime et sexuelle, lois répressives... "En résumé, des centaines de millions de femmes et de filles n'ont pas de liberté sur leur propre corps. Leur vie est gouvernée par les autres. Que près de la moitié des femmes ne puissent toujours pas prendre leurs propres décisions quant à l'opportunité d'avoir des relations sexuelles, d'utiliser la contraception ou de se faire soigner devrait tous nous scandaliser", fustige en ce sens Natalia Kanem, directrice du Fonds des Nations Unies.
L'Afrique est le continent le plus concerné. "Quelques pays d'Asie et d'Amérique centrale sont également touchés. Mali, Niger et Sénégal sont particulièrement mis en cause : moins de 10% des femmes y prennent des décisions autonomes", note Le Parisien.
Une situation critique qui, selon le rapport, n'est pas sans fortes incidences sur la société qui voit naître lois et violences, et provoquerait notamment un "baisse potentielle de la productivité économique, une diminution des compétences et des coûts supplémentaires pour les systèmes de santé et judiciaire". Et ce, en plus d'alimenter et de faire perdurer "des préjudices profonds pour les femmes et les filles", développe encore le rapport détaillé.
Seulement 56 % des pays concernés par cette enquête déploieraient des politiques plus "progressistes", selon le rapport de l'ONU. A titre d'exemple, parmi les 57 pays épinglés par cette étude, 43 Etats n'auraient pas intégré la notion de viol conjugal au sein de leur loi locale, garantissant ainsi l'impunité des agresseurs. Et plus de 30 pays imposent des restrictions aux mouvements des femmes hors de leur domicile.
Un bilan pour le moins alarmant.