La France est le dernier pays de l'Union européenne à encore autoriser la chasse à la glu pour les grives et les merles, et ce dans cinq départements du Sud-Est (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse), à titre dérogatoire. Un système pourtant interdit par la directive des Oiseaux, prise par l'Union européenne dans le but de promouvoir la protection et la gestion des populations d'espèces d'oiseaux sauvages du territoire européen.
Ce jeudi 27 août, après avoir reçu la veille le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, aux côtés de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, Emmanuel Macron a annoncé que la pratique controversée serait interdite cette année.
La méthode, dénoncée depuis plusieurs années par les défenseur·se·s du bien-être animal et les écologistes, consiste à appliquer de la colle sur des bouts de bois, nommés gluaux, disposés par la suite en haut des arbres, afin de piéger les oiseaux. Ceux-ci sont ensuite décollés, mis en cage, et utilisés par la suite pour attirer d'autres volatiles grâce à leur chant.
Selon la Ligue de protection des oiseaux (LPO), si seuls les merles et les grives sont visés, le stratagème atteint aussi d'autres espèces comme les mésanges, les rouges-gorges, les fauvettes, ou les faucons crécerelles.
Cette décision ne sort pas de nulle part. Début juillet, la Commission européenne pressait la France de "réexaminer ses méthodes de capture d'oiseaux", souligne Le Monde, précisant qu'il ne s'agissait pas d'une méthode sélective, et qu'il serait donné trois mois au gouvernement avant de saisir la Cour de justice de l'Union européenne. En 2004, le journal rappelle que l'institution avait déjà condamné l'Espagne, stipulant que, selon la directive Oiseaux, les Etats membres doivent interdire le recours à tout moyen de capture ou de mise à mort dite "non sélective".
Pour Willy Schraen, cette interdiction "prise dans un contexte très politique, (où) les pressions sont fortes" n'est pas justifiée. "On a une chasse légale qui vient d'être arbitrairement arrêtée, c'est inacceptable", lançait-il vendredi 28 août sur le plateau de BFM, ajoutant qu'il souhaiter "attaquer l'Etat".
Invitée sur CNews, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili s'est quant à elle réjouie de cette annonce : "L'arrêt de la chasse à la glu, cela fait longtemps qu'on devait le faire, c'est fait", s'enthousiasme-t-elle. "C'est une mise en conformité avec le droit européen et une bonne nouvelle pour la biodiversité."