"Maman, ça me fait mal !", s'exclame la fillette. En vidéo, une petite fille est filmée en train de se faire épiler le monosourcil par sa mère, et elle n'a pas l'air d'apprécier l'expérience. Leah Garcia, une Texane de 31 ans, est l'autrice de cette vidéo postée il y a quelques jours sur TikTok et devenue virale (plus de 18 millions de vues et 2,5 millions de likes). Elle s'est directement justifiée : "Je préfère qu'on me traite de mauvaise mère plutôt que de laisser ma fillette de trois ans avec un monosourcil, comme l'on fait mes parents".
En légende, elle a ajouté : "Mes compatriotes mexicains, vous comprendrez !", accompagnant son post du hashtag #badmom ("mauvaise mère"), sans doute pour anticiper d'éventuelles critiques, fréquentes sur les réseaux.
En réalité, les réactions sont plus nuancées : si certain·e·s n'ont pas compris cette décision, d'autres s'interrogent ou même approuvent en commentaire.
"Mon petit ami va probablement transmettre son monosourcil à nos enfants. J'allais attendre que mes enfants le remarquent et me demandent [une épilation]. Dois-je le faire plus tôt ?", se questionne ainsi une internaute, quand une autre félicite la maman : "Vous êtes en train de la sauver d'années de traumas et de taquineries".
Une autre utilisatrice apporte un témoignage différent : "J'ai appris à ma nièce à aimer son monosourcil, et quand elle est devenue adolescente, elle l'a épilé. Elle l'a très bien vécu".
D'autres abonné·e·s s'étonnent de l'âge précoce de la fillette, qui se prête à cet acte esthétique. "Non pas dès trois ans, dix peut-être ?", peut-on lire en commentaire.
Devenue virale, la vidéo illustre bien l'un des nombreux dilemmes que vivent les parents dans une société où règnent encore les diktats de l'apparence et de ses "normes". Leur enfant pourrait-il être soumis·e aux moqueries et aux discriminations si il ou elle était "différent·e" ?
Leah Garcia aurait donc voulu protéger sa fille des critiques et de la cruauté de certains enfants, qu'elle aurait elle-même vécues. Mais en prenant cette décision, elle outrepasse le consentement de sa fille (qui n'a a priori rien demandé) en l'enfermant d'ores et déjà dans les carcans sexistes de la société- qui promeuvent, encore aujourd'hui, un idéal de beauté féminin sans poils.
Cet exemple n'en est un qu'un parmi tant d'autres, mais il illustre parfaitement les contradictions émaillant désormais la vie des nouveaux parents, qui décident de snober le marketing genré (rose pour les filles, bleu pour les garçons) tout en désirant le meilleur pour leur enfant. Et si épiler un monosourcil permet d'éviter les moqueries et le harcèlement à l'école, alors pourquoi pas ?
S'affranchir des injonctions n'est pas chose aisée, ni pour les parents qui souhaitent donner une éducation non genrée à leurs enfants, ni pour les enfants eux-mêmes, qui aspirent sans doute à grandir sereinement.