Il s'appelle Victor Sorrentino, est un proche du président Jair Bolsonaro (qui dirait de lui qu'ils sont "frères de convictions"), et exerce comme médecin dans son pays, le Brésil. En Amérique du Sud, il est également une figure médiatique suivie par des millions d'abonné·e·s sur les réseaux sociaux. Et c'est justement là, sur l'un de ses comptes, qu'il a posté une séquence révoltante et incriminante pas plus tard que fin mai dernier.
On le voit en vacances en Egypte, s'adresser en portugais à une jeune femme portant le voile. Elle vend des papyrus, il lui fait croire qu'il discute du sujet. Seulement, la réalité est tout autre. Il lui dit : "Tu les aimes bien grosses ? et bien dures ? Vous êtes toutes comme ça ici." Des mots abjects que son interlocutrice ne comprend pas, elle hoche alors la tête pensant qu'il s'intéresse à ses produits.
Le harceleur éclate de rire, ne se doutant certainement pas qu'en appuyant sur "publier" quelques moments plus tard, il déclenchera un véritable (et justifié) vent d'indignation.
"Le scandale a été énorme au Brésil", affirme l'autrice et féministe brésilienne Antonia Pellegrino à Courrier International. "Il y a eu des millions de tweets pour dénoncer les propos de Sorrentino. Ce que ce médecin a fait est inacceptable, en Égypte comme dans tout autre pays." Sous la pression des mouvements de défense des droits des femmes, le touriste finit par supprimer les images.
Mais le mal est fait. Et la ferveur outre-Atlantique attire l'attention des Egyptiennes, dont le groupe Etkalemy ("parle", en arabe), qui relaie des témoignages de victimes de harcèlement sexuel, rapporte le journal. Indignées, les militantes poussent à l'arrestation de Victor Sorrentino par les autorités locales, le 31 mai dernier. Il n'y restera que quelques jours et sera de retour au Brésil dans la foulée, d'après un message sur sa page Instagram.
Pour plusieurs experts cités par le média, ce comportement n'est pas qu'une question tragique de domination sexiste, il est aussi typique de la fétichisation sexuelle par l'homme occidental des femmes orientales. Et puis, la preuve que l'accoutrement n'a rien à voir avec le risque encouru par une femme face à un prédateur.
"On entend tout le temps que les femmes méritent les violences sexuelles qu'elles subissent à cause des vêtements qu'elles portent", conclut ainsi Antonia Pellegrino. "Sauf que, en s'en prenant à une femme qui est voilée en Égypte, Sorrentino montre clairement que cette violence n'a rien à voir avec la façon dont les femmes s'habillent. C'est toujours un problème de masculinité". Masculinité qui, ici encore, semble bénéficier d'une impunité destructrice.