Ce 12 mai, des centaines d'élèves, anciens élèves et parents d'élèves du collège Roland-Dorgelès, dans le 18e arrondissement de Paris, ont organisé un blocus collectif dans le but d'afficher leur soutien. Soutien à qui ? Aux nombreuses voix qui, depuis un bout de temps déjà, s'énoncent afin de dénoncer les agissements présumés d'un professeur d'éducation physique dudit établissement. Faisant l'objet de deux enquêtes préliminaires et suspendu depuis le mois janvier, l'enseignant est accusé d'agression sexuelle par plusieurs élèves.
Attouchements, gestes "déplacés", intrusions dans les vestiaires, harcèlement moral... Relatées par Le Monde, les accusations d'élèves et anciens élèves ne manquent pas en ce sens. Et auraient déjà fait l'objet d'une plainte déposée par un élève... en septembre 2019. Une affaire qui ne date pas d'hier donc. Et prendrait en considération des faits "répétés pendant plus de dix ans", selon une élève de seize ans interrogée par le quotidien national. "Ça fait longtemps qu'on sait. Il était temps que ça sorte et que la honte change de camp".
Honte aux divers visages, comme le développe encore Le Parisien : intrusion dans les vestiaires et les douches des filles, mais également "agressions sexuelles lors des échauffements", entraînements poussés "jusqu'au vomissement" et "abus de pouvoir" divers. Une affaire qui scandalise et accable l'établissement.
"Cela fait dix ans que, lorsque les victimes parlent, elles se font menacer d'exclusion voire d'attaque pour diffamation. Dix ans que l'administration met la pression aux élèves pour qu'ils reviennent sur leur témoignage et que rien ne sorte des murs. Et dix ans qu'il peut continuer à harceler nos enfants", affirme au quotidien francilien une parent d'élève. Bien des voix parlent effectivement d'une véritable "omerta" au sein de l'établissement.
"La plainte qui a été déposée contre lui ça ne nous étonne pas. Au contraire, ça montre bien qu'on n'a rien inventé !", poursuit en ce sens une élève dans les pages du Monde. Au Parisien, une autre témoigne de son expérience : "Un jour, il est entré dans le vestiaire et a mis sa main dans mon pantalon. Il m'a dit : 'Ah ! Tu as mis un string !' J'ai réalisé quand j'étais en 5e que ce qu'il me faisait n'était pas normal. Je lui ai dit non, mais il a continué. C'en était trop, je n'en dormais plus la nuit".
En décembre 2020, un nouveau signalement était émis contre le professeur d'EPS sur la plate-forme 119. C'est suite à cela qu'une enquête pour "agression sexuelle sur mineur" a été ouverte et attribuée à la brigade de protection des mineurs. Aujourd'hui, si le rectorat du collège Roland-Dorgelès affirme prendre ces accusations "très au sérieux", de nombreux enseignants se sont mis mis en grève pour soutenir leur collègue incriminé.
Les enquêtes sont encore en cours.