Alors que le premier tour de l’élection présidentielle au Chili se joue ce dimanche 17 novembre, Michelle Bachelet, la candidate socialiste, a conclu triomphalement sa campagne, jeudi soir. Près de dix mille partisans s’étaient ainsi rassemblés dans le parc Quinta Normal au coeur de la capitale à Santiago. Celle qui fut présidente de la République du Chili une première fois, de 2006 à 2010, est donnée favorite dans tous les sondages. D’après une récente enquête Ipsos, la principale candidate de gauche recueillerait ainsi 32% des intentions de vote. Son adversaire la plus sérieuse dans la course présidentielle, la candidate de la droite Evelyn Matthei est, de son côté, créditée de 20% d’intentions de vote. Quoi qu’il arrive, c’est donc bel et bien une femme qui succèdera à Sebastian Piñera, l’actuel président en place, surnommé le «Berlusconi chilien ». 13 millions de Chiliens sont appelés à voter pour les présidentielles mais également pour les élections parlementaires et celle des conseillers régionaux.
Cette issue est symbolique à plus d’un titre. En effet, au cours de cette dernière décennie, nombre de femmes sont parvenues aux plus hautes fonctions au sein du continent sud-américain. Outre la très probable victoire de Michelle Bachelet, les deux plus grands pays de cette région ne sont-ils pas gouvernés par des femmes : Dilma Roussef au Brésil et Cristina Kirchner en Argentine. A ce trio de tête, s’ajoutent aussi Laura Chinchilla au Costa Rica, Mireya Moscoso au Panama, Sila Calderon au Puerto Rico et Kamla Persad-Bissessar à Trinité-et-Tobago. Pas mal pour un continent que l’on aime voir, vu d’ici, comme machiste. Or, au jeu des comparaisons, l’Europe fait pâle figure en ne comptant que cinq dirigeantes en 2013 (en Lituanie, au Danemark, au Kosovo, en Slovénie et en Allemagne).
Ainsi, interviewée en 2010 sur le site du Figaro, Bérengère Marques-Pereira, chercheuse au groupe interdisciplinaire d'études sur les femmes de l'Université libre de Bruxelles (ULB), déclarait : « l'accès des femmes à l'espace politique a été facilité par l'émergence de mouvements féministes qui ont réussi à imposer la question de la parité dans le débat politique. »
L’émergence de telles figures politiques féminines signifie-t-elle, pour autant, une amélioration de la condition des femmes sur le continent ? Un lien pas si évident pour Bérengère Marques-Pereira qui souligne que « Les intérêts des femmes n'ont pas réellement été pris en considération par les femmes politiques ». Et seule Michelle Bachelet aurait réellement fait preuve d’une volonté politique en la matière, avec certes un succès relatif, toujours selon la chercheuse.
L’engagement de la celle qui fut la première femme élue à la tête d'un pays sud-américain, en 2006, pour améliorer la condition féminine n’est, il est vrai, pas une posture. Dès son mandat à la tête du Chili, Michelle Bachelet a en effet été directrice exécutive de l'ONU Femmes, organisme qui défendait les droits des femmes dans le monde. Et ce jusqu’à sa démission en mars 2013 pour « rentrer dans son pays ». Quasi-assurée de devenir la 38ème présidente du Chili, Michelle Bachelet a d’ores ét déjà annoncé qu’elle continuerait son combat pour les femmes. Parmi ses mesures-phares : légaliser l'interruption volontaire de grossesse, en cas de viol ou de risques pour la mère ou l'enfant à naître - une pratique totalement interdite dans plusieurs pays d'Amérique latine.
Así recibieron a #Michelle en #SanCarlos pic.twitter.com/kRCSmc0Rax
— Comando Michelle (@ComandoMichelle) November 16, 2013