17% des 15-29 ans ne travaillent pas, et ne sont pas non plus en études prolongées pour autant. Début 2013, ils étaient 1,9 million à n’être ni étudiant, ni employé, ni apprenti, révèle le Conseil d’analyse économique, qui indique que la moitié de ces jeunes marginalisés ne sont pas à la recherche d’un emploi. Parmi eux, 900 000 n’ont aucun diplôme en poche. Un chiffre élevé en Europe, qui inquiète : la France est à la traîne par rapport au Danemark, où le taux d’emploi des 15-24 ans est deux fois plus élevé qu’en France comme le soulignent Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et Klaus F. Zimmermann, auteurs de l’étude. Pourquoi autant de jeunes sont-ils hors système ? La conjoncture économique, évidemment, n’aide pas. La crise a touché les jeunes adultes, faisant décoller le taux de chômage des moins de 25 ans (26,2% fin février selon Eurostat).
Et selon les auteurs du rapport du Conseil d’analyse économique, il n’y aurait pas de politique de soutien à l’emploi des jeunes qui tienne la route depuis 30 ans. Les solutions vont se chercher chez nos voisins : outre-rhin par exemple, la moitié des jeunes Allemands se tournent vers l’apprentissage en alternance, parfois mal considéré en France, où le concept d’enseignement professionnel ne séduit que 25% des jeunes. Quid des moins de 25 ans qui ont totalement abandonné les études ? Le Conseil d’analyse économique, qui dépend du Premier ministre, propose de réorganiser les fonds consacrés aux emplois d’avenir pour les attribuer à la formation des jeunes non-diplômés. Au total, 120 000 emplois en alternance et 750 000 formations à plein temps qui pourront être subventionnés.
L’étude, présentée mardi à Jean-Marc Ayrault, remet en cause l’efficacité des deux dispositifs censés favoriser l’emploi des jeunes : emplois d’avenir et contrat de génération. Ces plans pour faciliter leur insertion ne seraient pas assez ciblés sur les moins qualifiés, et sur le secteur privé. Depuis le plan d’urgence de Raymond Barre lancé en juillet 1977, un bon nombre de dispositifs ont été imaginés (Travaux d’Utilité Collective, Contrat d’Emploi Solidarité, Contrat Emploi Consolidé, Contrat d’Insertion dans la Vie Sociale ou Emplois d’Avenir), sans parvenir à faire décoller l’emploi des 15-29 ans. Parmi ces 17% de jeunes « à la dérive », 40% n’ont pas dépassé le collège, et 80% se sont arrêtés au lycée.
Victoria Houssay
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