C'est une nouvelle enquête de l'Apec, l'Association pour l'emploi des cadres, qui nous l'apprend, après avoir étudié le cas de pas moins de 16 827 salariés : la rémunération moyenne des cadres du secteur privé aurait progressé de 4 % en trois ans. Ledit salaire annuel serait désormais estimé à 50.000 euros brut. Un heureux événement. Mais - surprise ! - cette sympathique augmentation salariale ne concerne que les hommes. Les femmes cadres, quant à elles, peuvent encore patienter avant de profiter d'une éventuelle "progression"...
16 %. C'est le taux d'écart entre le salaire des hommes cadres et celui de leurs collègues féminines en 2018. Et l'on demeure bien loin du chiffre médian de 50 000 euros brut. En fait, cela fait trois longues années que le salaire annuel des femmes cadres stagne : on l'estime toujours à 45 OOO euros. Un écart qui atteindrait même les 20 % dans le secteur du commerce et de la distribution ! Une somme d'autant plus inégale que le domaine du commerce est toujours celui qui rémunère le mieux, ses plus hautes figures hiérarchiques bénéficiant d'un salaire annuel médian de 70 000 euros. Le modèle de la "start-up nation" équitable, lui, en reste à l'état d'utopie.
Une situation qui, spoiler alert, est loin de réjouir les principales intéressées. D'aucunes n'hésitent d'ailleurs pas à renégocier leur salaire. Comme le détaille encore Ouest France, nombreuses sont ainsi les cadres à privilégier la mobilité professionnelle (le changement de poste au sein de leur entreprise par exemple) afin d'exiger plus aisément une augmentation auprès de leur boss. On leur souhaite de l'obtenir. En attendant, les derniers chiffres de l'Afep mettent en évidence un inébranlable plafond de verre. En cela, ils ne font que compléter les précédents études de l'association, focalisées sur les disparités et inégalités salariales au sein du monde de l'entreprise.
Telle cette enquête datée de mars 2019 qui, chiffres à l'appui, après analyse de données recueillies auprès de plus de 8 700 jeunes diplômé·e·s occupant un emploi salarié, nous apprend que les femmes accèdent moins fréquemment au statut de cadre que leurs homologues masculins. De plus, leur rémunération est moins élevée. Enfin, précise l'Afep, elles sont davantage représentées "dans les filières moins valorisées" (comme les relations humaines, la communication, la culture ou encore le secteur de la santé et du social) et leurs conditions d'emploi diffèrent de celles des hommes - et pas dans le bon sens du terme - et ce, même à formation équivalente.
Cette étude soulève la question épineuse des inégalités au sein de la "vie active" et démontre par A+B qu'elles sont déjà bel et bien là, profondément ancrées et aisément évaluables, dès le début de carrière des salariées. En espérant que cela ne ruine pas les espoirs des aspirantes - et inspirantes - working girls...