Déjà championne de la parité et de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, l'Islande se distingue à nouveau pour son progressisme et son engagement en faveur de l'égalité. Lundi 1er janvier, ce petit pays de 331 000 habitants a définitivement adopté la loi rendant illégale les inégalités salariales entre les femmes et les hommes.
Votée à l'unanimité par le gouvernement de centre-droit ainsi que par l'opposition, la loi sur l'égalité salariale impose désormais aux entreprises publiques et privées et les agences gouvernementales de plus de 25 salariés d'appliquer une stricte égalité des salaires entre femmes. Elles devront chaque année prouver leurs bonnes pratiques en matière de rémunération et obtiendront ainsi un certificat de la part de l'État. Les contrevenantes ne respectant pas la parité devront quant à elles s'acquitter d'une amende.
Entrée en vigueur le premier jour de 2018, cette loi était l'une des promesses faites par l'ancien Premier ministre islandais Bjarni Benediktsson. Le 8 mars 2017, pour la Journée internationale des droits des femmes, il avait annoncé lors de la conférence HeForShe à New York que femmes et hommes devaient obtenir un salaire égal pour le même travail. "Même si l'Islande est en pointe dans la lutte pour réduire les inégalités dans plusieurs domaines, certaines recherches indiquent un écart inacceptable de 5%. Un écart que l'Islande s'engage à supprimer d'ici à 2022", avait-il alors déclaré, affirmant que "l'égalité entre les sexes profite à tous".
Ce n'est pas la première fois que l'implication de l'Islande en faveur de l'égalité entre les sexes dans les secteurs de l'éducation et du travail est saluée. En 2016, un rapport sur l'équilibre entre les sexes dans 142 pays du monde et publié lors du Forum économique de Davos faisait de l'Islande la championne de la parité professionnelle. "Ils en sont à 87% (d'égalité femmes-hommes, ndlr), donc s'ils continuent à ce rythme, ils pourraient être les premiers à atteindre la parité parfaite", s'était alors réjouie dans Quartz Saadia Zahidi, cheffe du groupe Femmes dirigeantes et Parité à Davos.
Si l'égalité entre les femmes et les hommes est en passe d'être atteinte en Islande, c'est parce que le pays a entamé depuis longtemps sa transition vers une meilleure représentation des femmes dans tous les secteurs de la vie publique. La parité fait même partie des principes fondateurs de la société islandaise depuis quarante ans et le fameux "Women's day off". Ce 24 octobre 1975, 90% des Islandaises, salariées, cheffes d'entreprise et femmes au foyer ont manifesté dans les rues de Reykjavík pour montrer à quel point elles étaient nécessaires à l'équilibre du pays.
L'Islande n'est pas non plus frileuse en matière de parité en politique. En 1980, les Islandais ont élu Vigdís Finnbogadóttir comme cheffe de l'État. Cette mère célibataire est devenue la première femme au monde à être élue présidente au suffrage universel. Aujourd'hui, près de 50% de femmes siègent au parlement islandais.