C'est le rapport qui tombe à point nommé. Alors que depuis ce vendredi 3 novembre à 11h44, eles femmes travaillent bénévolement du fait des inégalités salariales, le Forum économique mondial (WEF) a rendu public hier un nouveau rapport qui montre qu'en effet, les inégalités entre femmes et hommes au travail ne sont pas près de disparaître.
Réalisée depuis 2006 auprès de 144 pays, cette étude mesure les inégalités entre les genres selon quatre domaines : la représentation et les opportunités économiques (salaires, participation et fonctions dirigeantes), l'éducation (accès à l'éducation de base et supérieure), l'émancipation politique (représentativité au sein des structures décisionnaires) et enfin la santé (espérance de vie, ratio filles-garçons).
Et le rapport établi pour 2016 n'est guère optimiste, puisque les données globales indiquent nettement un recul de l'égalité entre les femmes et les hommes. "En 2017, nous ne devrions pas voir la tendance à l'amélioration de la parité se retourner", déplore Saadia Zahidi, l'une des auteurs du rapport.
"68% de l'écart mondial entre les genres a été comblé. On retient par conséquent une légère détérioration par rapport à 2016 et 2015, où l'écart était de 68,3% et 68,1% respectivement", indique l'étude du WEF. Conséquence immédiate : la date à laquelle l'égalité entre les genres au travail sera une réalité recule également. Il faudra, d'après les calculs du WEF, attendre 2234 (soit dans 217 ans) pour que la parité professionnelle soit effective. À titre de comparaison, l'an dernier, les chercheurs avaient calculé qu'il faudra attendre 170 ans pour atteindre l'égalité au travail. "Ce constat est bien celui d'une inversion de tendance et ce chiffre est la plus faible performance mesurée par l'indice depuis 2008."
Ce que pointe également le rapport réalisé par le Forum économique mondial, ce sont les fortes disparités entre les régions du monde en matière d'égalité femmes-hommes. Ainsi, l'Europe de l'Ouest se positionne comme la région du monde la moins inégalité avec une disparité moyenne de 25% entre les femmes et les hommes. À y regarder de plus près, là aussi les disparités sont de mise : ainsi, si l'Islande est inconditionnellement la championne en matière d'égalité, suivie de la Norvège, la Finlande (3e) et de la Suède (5e), la Belgique (31e), les Pays-Bas (32e), la Pologne (39e) ou encore l'Italie (82e) font figure de mauvais élèves.
Et la France dans tout ça ? Elle truste la 11e place du classement, gagnant 6 places par rapport à l'an dernier. Elle se place ainsi devant l'Allemagne (12e) et le Royaume-Uni (15e). "Le challenge pour la France est maintenant d'améliorer son score au niveau du pilier économique, où elle arrive 64e pour la deuxième année consécutive", explique l'étude.
De manière générale, l'Europe de l'Ouest s'en sort mieux que l'Amérique du Nord, où les États-Unis se classent 49e et le Canada 16e en matière d'égalité femmes-hommes. Elle se place aussi devant le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, régions du globe les moins bien classées, avec un fossé entre femmes et hommes de 40%. "Hormis Israël (44e), les pays les plus performants de la région sont la Tunisie (117e), les Émirats arabes unis (120e) et Bahreïn (126e). La région abrite quatre des cinq pays les moins bien classés au monde en matière d'émancipation politique : le Koweït (129e), le Liban (137e), le Qatar (130e) et le Yémen (144e)."