Louis-Gabriel Nouchi sait faire mouche. Comme à chaque Fashion Week depuis qu'il est au calendrier officiel, le jeune créateur parisien a une fois de plus jeté un pavé dans la mare avec son dernier défilé, qui s'est tenu ce mercredi 18 janvier dans la capitale.
D'écrasantes cuissardes rouges ou noires, des paires de gant en latex (huilées pour l'occasion), assorties parfois à des ensembles transparents en silicone ou de longs manteaux en laine, avec ou sans cravate. La collection automne-hiver 2023 est le fruit d'un mélange de virilité et d'érotisme. Elle est inspirée d'une oeuvre : American Psycho, classique de Bret Easton Ellis.
Pour porter ces vêtements, il y avait des stars, comme le beau gosse d'Emily in Paris Lucas Bravo (Gabriel dans la série), qui avait le visage recouvert de sang, comme Christian Bale dans l'adaptation au ciné du thriller.
Et évidemment, il y avait des dizaines d'hommes. Enfin, pas n'importe lesquels. Ou plutôt, si. Ces hommes, qui pour la grande majorité n'avaient jamais défilé, ressemblent à ceux qu'on croise dans la rue. Ils ne sont pas mannequins. Et n'ont pas, non plus, le physique de l'emploi. En tout cas, pas celui exigé par les traditionnels standards de beauté définis par l'industrie de la mode.
Gringalets ou gros. Si certains ressemblent à de vraies armoires à glace, d'autres sont nettement plus petits. On a des jeunes et des moins jeunes, comme le suggère la grosse barbe grise d'un des modèles au crâne dégarni. Il y a de "tout". "Beaucoup, beaucoup, beaucoup de candidatures spontanées", nous a confié Louis-Gabriel Nouchi, quelques jours avant la tenue du show.
Depuis un an, le styliste de 32 ans recrute ses mannequins dans la rue, mais aussi sur Instagram. Il y a ceux qui viennent directement vers lui, des clients de la marque pour la plupart. Et ceux qu'il va chercher. "Certains ne veulent pas. Je les comprends tout à fait. Moi, je ne l'aurais jamais fait. Ceux qui acceptent, eux, voient ça comme une expérience", continue le créateur.
Après des premières années en médecine et en droit à Paris, Louis-Gabriel Nouchi s'est finalement destiné à des études de mode à la prestigieuse école de La Cambre, en Belgique, d'où il a été diplômé en 2014. Lauréat d'une dotation, la même année, au Festival d'Hyères, il pense chacune de ses collections en hommage à une oeuvre, un livre ou un écrivain cher à ses yeux. Ses silhouettes transpirent la sensualité et découvrent audacieusement certaines zones érogènes du corps, le cou ou les hanches, par exemple.
Le recrutement de ces hommes "du quotidien" émane de plusieurs facteurs. D'abord, parce que les profils qui lui sont proposés dans les agences de mannequins ne lui conviennent pas. Secundo, "ça apporte une vraie 'realness'", poursuit Louis-Gabriel Nouchi. "Chez LGN, on fait des vêtements confortables et faciles à porter. On peut raconter beaucoup de choses avec un même vêtement. Prenons un tee-shirt blanc, par exemple. Il n'aura pas la même symbolique selon celui qui le porte."