Lorsqu'on évoque les meurtres de femmes qui ont lieu chaque jour en France, on imagine aisément des victimes malheureuses d'agressions commises par des inconnus au détour de ruelles sombres. Les chiffres publiés ce mardi 26 septembre par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) laissent entrevoir une réalité bien différente mais toute aussi alarmante : sur les 286 femmes victimes d'homicides en 2015 (hors attentats), 149 ont été tuées sous les coups d'un membre de leur famille, soit 52,1%. 30,8% Les homicides conjugaux, eux, représentent 30,8% des féminicides recensés par les procédures de police et de gendarmerie.
"Alors que les femmes représentent 20% des victimes d'homicides, elles constituent deux tiers des victimes d'homicides intrafamiliaux", souligne l'ONDRP.
D'après les données recensées par l'ONDRP, les femmes âgées de 15 à 35 ans sont particulièrement susceptibles de mourir sous les coups de leur conjoint puisque 96% des homicides intrafamiliaux les concernant sont des homicides conjugaux. Le taux est de 88% pour les femmes de 36 à 55 ans et de 55% pour les femmes de plus de 55 ans.
Autre point saillant de cette étude : la répartition géographique de ces féminicides. Si Paris n'échappe pas aux meurtres de femmes dans le cadre familial (20% des homicides de femmes) et dans le cadre conjugal (10%), force est de constater que la plupart des victimes sont issues d'un milieu rural. Ainsi, en milieu rural, 73% des homicides de femmes sont le fait d'un membre de leur famille. Dans près d'un cas sur deux, l'auteur du meurtre est le conjoint. "Il y a, dans certaines zones rurales, des couples qui sont dans une situation économique et sociale plus fragile qu'à Paris. Ils sont plus isolés et ont moins accès à des associations, à du personnel médical, qui pourrait leur apporter du soutien", explique à 20 Minutes le directeur de l'observatoire, Christophe Soullez.
Dans les communes urbaines, hors Paris, les homicides intrafamiliaux représentent plus d'un homicide de femme sur deux (52%). Il s'agit dans 30% des cas d'homicides conjugaux.