"Je ne porte plus de soutien-gorge. Je ne peux plus porter de soutien-gorge. Je ne peux pas, non. Je ne peux pas". On ne peut guère être plus claire que Gillian Anderson quand celle-ci s'adresse aux quasi deux millions de followers qui la suivent sur Instagram. Il faut dire que la comédienne n'est pas habituée à la langue de bois. Elle a fait son come back tout en autodérision avec la série Sex Education, programme intelligent et remarqué sur le rapport aux sexualités, au corps et au consentement.
Et c'est donc non sans surprise que l'Américaine a avoué sa décision de délaisser le soutif. Ce faisant, Gillian Anderson s'inscrit dans un mouvement largement galvanisé par les réseaux sociaux : le "no bra", qui suscite encore un quart de million de publications sur un réseau comme Insta, excusez du peu. Ce "pas de soutif" incite les femmes à envoyer valdinguer leur soutien-gorge afin de vivre plus librement, être mieux dans leur peau et leur corps, s'émanciper de certaines barrières (textiles, et autres) étouffantes.
Un mouvement synonyme de confort, que les derniers confinements n'ont fait qu'exacerber. L'an dernier, 18 % des Françaises de moins de 25 ans confiaient ne jamais porter de soutien-gorge. A travers le monde, des stars comme Jennifer Aniston sont reconnues comme des visages emblématiques de la vague "no bra". Il faudra désormais compter sur Gillian Anderson pour venir compléter ces rangs déjà bien fournis.
"Je suis désolée, mais je me fiche que mes seins tombent jusqu'à mon nombril. Je ne porte plus de soutien-gorge. C'est juste trop inconfortable", a achevé la comédienne dans une vidéo destinée à ses fans, l'espace d'un questions/réponses sans filtre. Une réflexion qui a suscité un certain enthousiasme sororal. Il faut dire que le refus du soutif traîne derrière lui une histoire stimulante et polyphonique, faite de révolutions pour l'égalité des sexes et de figures pop emblématiques.
Comme le rapporte le CR Fashion Book, le "no bra" nous renvoie aussi bien aux célèbres manifestations féministes des années soixante, où les soutifs se retrouvaient fièrement brandis dans les airs ou tout simplement brûlés, qu'aux looks et habitudes de personnalités inspirantes comme Debbie Harry (figure de proue du groupe Blondie), Gloria Steinem (l'une des voix majeures du féminisme américain) ou encore - évidemment - Madonna.
Plus récemment, une star comme Rihanna a elle aussi soutenu cette militance. Le refus du soutien-gorge concilie l'intime et le politique. Il a pour effets, chez celles qui le revendiquent, une sensation de bien-être et une liberté qui passe par le corps. Le "no bra" est également une réaction à l'hypersexualisation des poitrines féminines. "Le no bra est un geste militant à part entière. Je le fais pour le confort, mais aussi pour libérer ma poitrine, m'émanciper des injonctions qu'elle subit", nous expliquait en ce sens la militante féministe Gala.
Un geste qui fédère de plus en plus.