Mercredi 4 septembre, la jeune Louanne s'est mise à pleurer lorsqu'elle a vu débarquer les 15 motards du LAG Spirit devant son collège, à Abbeville, dans la Somme, rapporte actu.fr. L'année précédente et tout l'été, elle s'est fait harceler par ses camarades de classe, sans qu'aucune mesure décisive ne soit prise par l'établissement. "Certaines filles se moquaient de moi car je me trompe entre la droite et la gauche (Louanne souffre de dysphasie, dyslexie, dyspraxie, ndlr). Un jour, elles m'ont invitée à la cantine. J'étais contente mais quand je me suis assise, elles m'ont jeté des verres d'eau à la figure. Je suis allée voir la CPE deux fois. Les filles ont été convoquées, on leur a demandé d'arrêter mais ça n'a pas été plus loin."
Alors quand elle entend le bruit des moteurs, et qu'elle aperçoit les cylindrées, elle ressent de la joie et du soulagement. Car le gang de bikers a une mission très précise : lutter contre le harcèlement scolaire, et escorter ses victimes à la sortie des cours. Leur montrer qu'ils et elles sont là pour les protéger, que les élèves qui souffrent de ces situations ne sont pas seul·es.
"Nous sommes là pour venir chercher Louanne et l'escorter jusque chez elle", confie l'un d'eux au journal. "Nous voulons qu'elle sache que nous sommes là pour elle, qu'on l'accompagne ainsi que ses parents. Maintenant, elle n'est plus seule et elle peut compter sur nous."
Ces anges gardien·nes - pour la plupart des policiers et des gendarmes - ont décidé d'agir à force d'entendre la détresse des enfants victimes de harcèlement scolaire dans leurs bureaux. Ils ont ainsi créé une page Facebook sur laquelle on peut les contacter lorsque l'on est concerné par ce fléau. Cela commence généralement par le message d'un parent désespéré face à la situation, et surtout le manque de soutien du personnel enseignant.
De là, les motard·es du LAG Spirit (d'abord exclusivement parisiens puis une antenne a été ouverte au Havre) organisent une action d'"escort", mais s'assurent aussi de suivre la famille après l'intervention. Le groupe, de part sa profession, l'oriente vers les services adéquats et les aide même à ce qu'elle ait tous les éléments pour déposer une "plainte carrée", comme explique Ony, président du moto-club, lors d'une interview pour la radio Forum. Leur slogan, "Fort ensemble", convient parfaitement à l'élan de solidarité dont font preuve tous·tes les membres du LAG Spirit. Et le cas de Louanne n'était pas isolé. A Tours, en avril, ils étaient déjà venus "secourir" Valentin et Amandine, comme le montre les clichés sur leur page Facebook.
En France, le harcèlement scolaire toucherait un enfant sur dix. Et un adolescent harcelé sur quatre aurait déjà pensé au suicide, selon l'Unicef.