Plus d'un mois après le début de l'affaire Weinstein, Hollywood peine encore à mesurer l'onde de choc qu'a provoqué la libération de la parole des femmes dans l'industrie du cinéma. Pour la première fois, des milliers de femmes travaillant dans le milieu du cinéma – actrices, scénaristes, productrices... - ont osé prendre la parole pour dénoncer publiquement les hommes qui les ont harcelées, agressées sexuellement et violées.
Le producteur Harvey Weintein n'est pas le seul homme à être accusé. Louis CK, Kevin Spacey, Ed Westwick, Matthew Weiner, Brett Ratner, James Toback ou encore Dustin Hoffman l'ont désormais rejoint sur le banc des hommes accusés de comportements intolérables vis-à-vis des femmes.
Et Hollywood n'est pas près de se remettre de telles révélations. Ce dimanche 12 novembre, des centaines de femmes ont défilé sur Hollywood Boulevard, à Los Angeles, pour dire stop au harcèlement et aux violences sexuelles. Deux marches distinctes, la Take Back the Workplace et la Marche des Survivantes #MeToo, se sont symboliquement rejointes pour ne plus former qu'une seule foule devant le Dolby Theatre, où a lieu chaque année la cérémonie des Oscars.
Présente parmi les manifestantes, la productrice et présidente de Women in Film Cathy Schuman a déclaré devant les manifestant.e.s que le problème du harcèlement sexuel à Hollywood ne pourrait être résolu simplement en dénonçant ses auteurs. "Les femmes doivent être protégées contre les préjugés et les abus", a-t-elle affirmé, avant d'appeler à diversifier les lieux de travail où sont présentes les femmes et à réformer les services des ressources humaines afin que les cas d'agressions de de harcèlement soit détectés plus rapidement.
Engagée pour la cause des femmes à Hollywood, Cathy Schulman préside depuis 2011 Women in Film, une organisation qui vise à promouvoir les femmes des industries du cinéma, de la télévision et des nouveaux médias. Très sollicité depuis les révélations de harcèlement et d'agressions sexuelles à Hollywood, Women in Film a annoncé vendredi qu'elle lançait une hotline d'aide juridique sur le harcèlement sexuel destinée aux femmes et aux hommes travaillant dans l'industrie du cinéma. Cette ligne téléphonique, qui dispensera auss gratuitement des conseils juridiques, dirigera les victimes de harcèlement sexuel vers des professionnel.le.s de santé, des forces de l'ordre et des avocats, rapporte Variety. Sa mise en service est prévue pour le 1er décembre.
"Ce plan offre aux victimes de harcèlement sexuel certaines ressources pour prendre des mesures conformes à leur niveau de confort, et donne à la victime le contrôle sur la façon et le délai pour traiter les violences qu'elle a subie", explique à Variety Bonnie Eskenazi, une avocate associée chez Greenberg Glusker, chargée par Women in Film de créer un panel d'avocats qui dispenseront gratuitement leurs conseils.
"Nos téléphones n'ont pas arrêté de sonner depuis que ces histoires de harcèlement ont commencé à sortir. Nous entendons dire que les victimes se sentent isolées, qu'elles n'ont nulle part où raconter leur histoire, qu'elles croient qu'elles doivent garder le silence sur leurs expériences, qu'elles seront poursuivies en justice et qu'elles se sentiront impuissantes, craignant d'engendrer des frais juridiques en essayant de faire quelque chose à propos de ce qui leur est arrivé. La ligne d'assistance sera composée d'experts qualifiés pour répondre à ces préoccupations, et toutes les informations resteront strictement confidentielles", a assuré à Variety Kirsten Schaffer, directrice générale de Women in Film.