Travailler dans un groupe "mixte", pour garantir ses chances de réussite ? C'est du moins la conclusion qu'avance des chercheurs, à la suite d'une récente étude britannique publiée dans Scientific Reports.
Confrontés à un problème, les homme et femmes ne réagissent pas de la même manière, surtout lorsqu'il s'agit de travailler par deux. Par exemple, en termes de capacités spatiales et, plus particulièrement en ce qui concerne la rotation mentale d'un objet, les hommes auront tendance à adopter une approche holistique - soit considérer l'objet dans son ensemble - alors que les femmes, elles, favorisent la comparaison. Le Dr Allan Reiss, auteur principal de l'étude et professeur de psychiatrie et de sciences du comportement et de la radiologie à l'école de l'Université de médecine de Stanford explique ainsi : "Ce n'est pas que les hommes et les femmes coopèrent mieux entre eux [ceux de même sexe] et qu'il leur est impossible de travailler avec des personnes de l'autre sexe. Au contraire, il y a juste une différence dans la façon dont ils coopèrent".
Pour mieux comprendre le fonctionnement de l'activité cérébrale entre deux personnes lorsqu'ils effectuent une tâche commune et surtout comment les hommes et les femmes interagissent entre eux, les chercheurs ont étudié un panel de 222 personnes, en utilisant la technique de l'hyperscanning. Un procédé qui se rapproche de l'IRM - à la différence que le sujet n'a pas à rester couché - et, qui enregistre simultanément l'activité dans le cerveau de deux personnes pendant qu'elles interagissent. Le but étant, à terme, de trouver des solutions pour favoriser les comportements coopératifs, dans une équipe ou une communauté.
Afin de mener à bien l'étude, chacun des participants s'est vu attribuer un partenaire - du même sexe ou du sexe opposé. Ensuite, chaque binôme a eu pour consigne d'appuyer sur une touche dès qu'un cercle sur l'écran d'ordinateur qu'ils avaient face à eux changeait de couleur. Les cobayes pouvaient se voir mais n'avaient pas le droit de parler. Les résultats sont sans appel : les hommes et les femmes ont bien des modèles d'activité différents au cours d'une tâche. Aussi, quand il s'agit de travailler avec une personne du même sexe, l'activité cérébrale est presque parfaitement synchronisée - ce qui suggère des niveaux élevés de "cohérence inter-cérébrale". Et, si en moyenne le binôme homme-homme fonctionne mieux que celui femme-femme, le duo mixte se révèle le plus efficace.
Malgré ces résultats encourageants, le Dr Allan Reiss et son équipe restent prudents. L'étude n'a pas fait l'objet d'une analyse complète de toutes les parties du cerveau. De nouvelles recherches seront donc nécessaires pour comprendre d'où viennent ces différences liées au sexe, et permettraient également d'adopter une nouvelle approche en ce qui concerne nos activités, tant professionnelles que personnelles. Peut-être le point de départ de plus de collaborations d'envergure entre hommes et femmes ?