Les images sont à peine croyables. Ce mercredi 6 janvier, en début d'après-midi, une foule composée de centaines de supporters pro-Trump a pénétré de force dans le Capitole, à Washington, où siège le Congrès américain.
Des actes violents perpétrés peu après le discours du président sortant, Donald Trump, qui s'exprimait sur une esplanade proche de la Maison blanche à midi heure locale. "Nous n'abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais", lançait-il, déterminé à contester les résultats de l'élection de novembre dernier dont la certification avait lieu au même moment au coeur de l'hémicycle. "Nous ne reprendrons jamais notre pays en étant faibles", assène-t-il encore. "Vous devez être forts".
Il prononce alors les mots qui vont transformer "une situation tendue en chaos", détaille 20 Minutes. "Je sais que tout le monde ici marchera bientôt vers le Capitole, pour pacifiquement, patriotiquement faire entrer vos voix".
L'ordre semble être donné. Les partisans se dirigent en masse vers l'institution, et finissent par envahir les couloirs et les bureaux, pour tenter d'empêcher la validation de la victoire de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis par le Congrès. Ils posent à la tribune de la Chambre basse et dans le siège de sa présidente, Nancy Pelosi. Les forces de l'ordre lancent des gaz lacrymogènes, quelques tirs se font entendre. Ces scènes hallucinantes ont duré plusieurs heures et fait 52 interpellations, 26 dans l'enceinte même du Capitole, ainsi que 4 morts (trois dans les rues adjacentes, une femme, Ashli Babbit, à l'intérieur).
Une "insurrection", comme l'a dénoncé Joe Biden, qui a suscité de vives réactions de la part de la communauté internationale, à l'instar de l'Allemagne qui a appelé les partisans de Trump à "cesser de piétiner la démocratie", rapporte Franceinfo. De Londres qui a, à son tour, dénoncé des "scènes choquantes", ou encore du président français Emmanuel Macron, qui a martelé lors d'une allocution spéciale le même jour : "Nous ne céderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause [la démocratie]".
A l'intérieur du Capitole, dans l'hémicycle du Congrès, se trouvait notamment la députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, qui témoigne de sa colère et des actions qu'elle entend mener.
Dans un tweet publié quelques heures après l'invasion, la représentante a rassuré : "Je vais bien". Puis précisé avoir "été barricadée pendant plusieurs heures" et ajoutant qu'elle raconterait "tout plus tard".
"Pour l'instant, nous devons nous concentrer sur la tâche à accomplir : préserver l'intégrité de notre démocratie, tenir pour responsables ceux qui ont tenté de subvertir les élections de notre nation et mettre notre Constitution en pièces", insiste-t-elle.
Et pour ce faire, elle estime qu'il est essentiel de ne pas se contenter de la validation de l'élection de Joe Biden, survenue plus tard dans la soirée de mercredi à jeudi. Mais appelle plutôt à ce que les auteur·rice·s de ces violences rendent des comptes, comme les membres du Parti républicain qui contestent l'élection depuis les résultats du vote en novembre dernier. Elle demande également l'impeachment (procédure de mise en accusation et de destitution du droit américain) de Donald Trump. Une requête partagée par d'autres démocrates.
"Je pense que les membres républicains du Congrès qui ont incité à cette attaque terroriste intérieure par leurs tentatives de renverser l'élection doivent en subir les conséquences. Ils ont rompu leur serment sacré", condamne la députée Cori Bush, qui entend "présenter une résolution demandant leur expulsion".
Même son de cloche chez Ilhan Omar, députée démocrate et membre du "Squad" aux côtés d'Alexandria Ocasio-Cortez, d'Ayanna Pressley et de Rashida Tlaib. "Je suis en train de rédiger des articles de mise en accusation", écrit-elle sur Twitter. "Donald J. Trump devrait être mis en accusation par la Chambre des représentants et démis de ses fonctions par le Sénat des États-Unis. Nous ne pouvons pas lui permettre de rester en fonction, il s'agit de préserver notre République et nous devons respecter notre serment."
Derrière son écran, Donald Trump a appelé les insurgé·e·s au calme plusieurs fois, mais n'a pas pu s'empêcher de déclarer les "aimer" et que l'élection lui a été "volée" dans une vidéo depuis supprimée sur les différents réseaux sociaux. Devant la décision du Congrès, qui a certifié l'élection de Joe Biden dans la nuit de mercredi à jeudi, il finira par déclarer, amer : "Même si je suis en complet désaccord avec le résultat de l'élection, et les faits me soutiennent, il y aura une transition ordonnée le 20 janvier". Une chose est sûre, les Etats-Unis viennent de tourner une page décisive de leur Histoire. Reste à voir si les responsables de cette attaque anti-démocratique en paient véritablement les conséquences.
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