Si votre chère et tendre moitié parle dans son sommeil, vous vous dites peut-être que c'est tout bénef pour vous. Qui sait si au milieu de ces chuchotements et formules abracadabrantes, votre amoureux ne va pas lâcher un gros secret ? Loin de nous l'idée de vous décevoir, mais vous allez pouvoir attendre longtemps avant d'entendre la phrase qui fâche. Les somniloques – soit les personnes qui parlent lorsqu'elles dorment - ont largement intéressé la science ces dernières années, et on sait ainsi que ces spécialistes des discours saugrenus ne disent finalement rien de très intéressant.
Interrogé par Self Magazine, Michael Breus, un médecin spécialiste du sommeil, a ainsi expliqué : "Il n'existe aucune donnée qui suggère que les gens qui parlent dans leur sommeil vous ouvre une fenêtre sur leur subconscient ou quelque chose comme ça". Un avis que rejoint la Fondation Nationale du Sommeil américaine. Selon elle, ces paroles peuvent être reliées aux expériences passées de la personne, mais "elles ne sont en aucun cas le produit d'une conscience rationnelle".
Si vous parlez la nuit, pas de panique, vous êtes loin d'être la seule personne dans ce cas-là. Une étude menée en 2014 par des chercheurs de la Piété Salpêtrière à Paris sur 232 patients a ainsi révélé que 71% des hommes et 75% des femmes ont parlé dans leur sommeil au moins une fois dans leur vie. Cela touche donc de très nombreuses personnes. Mais Ginevra Uguccioni, la neuropsychologue en charge de l'étude, nuance tout de même : "Seules 1,5% des personnes en souffrent quotidiennement".
Mais alors, qu'est-ce que peuvent bien raconter les somniloques ? Selon la neuropsychologue et ses chercheurs, "seules 36% des vocalisations nocturnes sont des paroles compréhensibles. Les 74% restantes sont constituées de pleurs, de rires, de cris, ou de chuchotements". Et quand on réussit à décrypter les paroles en question, c'est finalement pour entendre des choses pas très jolies à entendre. "Il s'agit principalement d'un langage ordurier, très vulgaire, beaucoup de gros mots, beaucoup de répétitions comme 'qu'est-ce que tu fais, qu'est-ce que tu fais, qu'est-ce que tu fais'. Le ton des somniloques est plutôt interrogatif et/ou négatif", détaille ainsi Ginevra Uguccioni.
A en croire l'étude menée par l'hôpital de la Piété Salpêtrière, être somniloque ne veut pas dire que l'on dort mal. La neuropsychologue indique : "La qualité du sommeil n'est pas détériorée par le fait de parler en dormant. La somniloquie ne réveille pas la personne, le somnambulisme en revanche, oui. Ainsi, on peut parler toute la nuit sans être fatigué le matin".
Mais si parler la nuit n'a aucune incidence sur le sommeil, Michael Breus explique à Self Magazine que manque de sommeil et somniloquie son liées : "La plupart du temps, cela arrive quand la personne est très fatiguée ou qu'elle a été privée de sommeil". Selon la Fondation Nationale du Sommeil américaine, le stress, la dépression, l'alcool et la fièvre peuvent aussi être à l'origine de cette pathologie.
S'il vous arrive de parler de temps en temps dans votre sommeil, ne vous affolez pas, c'est assez courant et il n'y a rien à faire contre ça. Néanmoins, si vous souffrez de somniloquie sévère (au point de déranger votre partenaire toutes les nuits sur une longue période), les spécialistes conseillent de consulter votre médecin traitant pour dépister un possible problème médical sous-jacent.