Ce samedi 7 novembre, Joe Biden a été officiellement élu 46e président des Etats-Unis après une course harassante et une participation record. A ses côtés, sa colistière Kamala Harris devient la première femme noire et asio-américaine à occuper la fonction de vice-présidente. Une élection historique par bien des aspects qui concernent aussi la future Première dame.
En 231 ans d'existence du titre, Jill Biden sera ainsi la première First lady à poursuivre sa carrière, continuant d'enseigner l'anglais au Northern Virginia Community College comme elle l'a fait durant les huit ans de mandat de son mari, vice-président de Barack Obama entre 2008 et 2016. A 69 ans, elle est titulaire d'une licence et de deux maîtrises, ainsi que d'un doctorat en éducation de l'université du Delaware, qu'elle a obtenu en 2007.
Une décision symbolique, qui inscrit le titre dans une nouvelle ère, estime l'historienne Katherine Jellison, professeure à l'université de l'Ohio. "Elle va vraiment faire entrer le rôle de première dame dans le XXIe siècle", déclare-t-elle à The Star. "La plupart des femmes américaines ont à la fois une vie professionnelle et une vie familiale, mais les premières dames n'ont jamais été autorisées à le faire. Le temps est peut-être venu, cependant, où plus d'Américains se sentiront à l'aise avec une première dame qui n'est pas de garde à la Maison Blanche 24 heures sur 24, 7 jours sur 7".
Pour Anita McBride, cheffe de cabinet de l'ex-Première dame Laura Bush, et assistante du président George W. Bush, cette évolution était inévitable. "Le vent du changement souffle parce que le pays continue d'avancer ; cela devait arriver", lâche-t-elle à USA Today. Et c'est tant mieux.
En juillet 2019 déjà, la docteure Jill Biden exprimait sa volonté de combiner devoir et vocation, et insistait sur son envie de ne pas abandonner la profession qui la passionne.
"La beauté d'[être First lady] est que l'on peut définir ce rôle comme on le souhaite", confiait-elle à Vogue, au lendemain de l'annonce de la candidature de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis. "Et c'est ce que j'ai fait en tant que seconde dame - j'ai défini ce rôle comme je voulais qu'il soit. Je continuais à travailler sur les mêmes questions. L'éducation était au premier plan, et les familles des militaires aussi. Je voyageais dans tout le pays pour essayer de rendre gratuit le community college (un établissement postbac en deux ans, moins sélectif et onéreux que les universités classiques, ndlr)."
Si la tâche s'annonce aujourd'hui plus intense, elle n'en démord pas. A CBS, en août dernier, elle assurait : "Si nous arrivons à la Maison Blanche, je vais continuer à enseigner". Enseigner, et oeuvrer pour les chantiers qu'elle a entamés jusqu'en 2016, ainsi que la sensibilisation au cancer. Elle argumentait également : "Je veux que les gens apprécient les enseignants et connaissent leurs contributions, et élever la profession". D'ailleurs, Joe Biden la soutient. Tout comme Michelle Obama, avec qui elle a étroitement collaboré, ce qui ne fait qu'asseoir sa légitimé au titre.
"J'ai vu de près la gentillesse, l'empathie et l'humour qu'elle apporte même dans les situations les plus difficiles", écrit l'avocate et ex-Première dame dans un email envoyé aux journalistes d'USA Today après l'élection. "En tant que mère de militaire et éducatrice, Jill a toujours donné l'exemple, traitant chaque personne qu'elle rencontre avec le genre de chaleur et d'attention authentique qui vous colle à la peau. Elle va devenir une Première dame formidable".
Michelle Obama se souvient également de leurs voyages communs, et des copies d'étudiant·e·s que la professeure transportait jusque dans l'avion. "Jill est toujours en train de corriger les devoirs", se remémore-t-elle. "Ce qui est drôle car je l'oubliais souvent, [et lui disais] : 'Oh oui, tu as un métier ! Dis-moi ! Dis-moi comment c'est !'"
A ceux et celles qui douteraient de sa capacité à jongler entre les deux rôles de main de maîtresse, Dre Jill Biden semble répondre indirectement : "Enseigner n'est pas mon métier. C'est ce que je suis", affirmait-elle dans un tweet daté du 18 août. Un dévouement qui, s'il se retranscrit de nouveau dans ses fonctions gouvernementales, a de bonnes chances de marquer le pays pour le meilleur.