Pour se rendre en classe vendredi 19 mai, les lycéens français seront invités à troquer leur traditionnel pantalon pour une jupe. Le but d'une telle initiative ? Dénoncer le sexisme et sensibiliser aux inégalités entre les femmes et les hommes.
Inédite par son ampleur, cette "Journée de la jupe" devrait se tenir dans l'ensemble des établissements du territoire grâce au soutien de quatre organisations syndicales, SGL, UNL, UNL-SD et FIDL. "C'est une opportunité pour aborder le thème de l'égalité hommes-femmes, qui est primordiale mais on ne parle pas beaucoup au lycée", a expliqué à l'AFP Coline Mayaudon, déléguée à la communication du Syndicat général des lycéens (SGL).
Les quatre organisations ont réussi à mettre leurs rivalités de côté pour organiser un événement d'ampleur contre les inégalités. En ligne de mire : le harcèlement de rue, mais aussi les inégalités salariales, le plafond de verre ou le partage des tâches domestiques au sein du foyer.
Ce n'est pas un hasard si la sensibilisation aux inégalités entre les femmes et les hommes prend l'apparence d'une jupe portée par tous les lycéens. Objet de frictions et de fantasmes, la jupe a cristallisé de nombreuses tensions ces dernières années au sein des établissements scolaires. En mars dernier, le lycée Emile-Loubet de Valence s'était retrouvé au coeur d'une polémique pour avoir contrôlé la longueur des jupes de ses élèves. En 2012, c'était au contraire un problème de "jupe trop longue" qui avait valu à une élève d'un lycée du Val d'Oise d'avoir été sommée de rentrer chez elle pour se changer.
Qu'elle soit considérée comme trop courte et donc "provocante" ou bien trop longue et donc "à connotation religieuse", la jupe est un objet de débat avant d'être un simple vêtement, sur lequel ses détracteurs projettent ce qu'ils souhaitent dénoncer.
Ainsi, en 2014, plusieurs établissements scolaires de Nantes avaient organisé, avec le soutien du rectorat, une journée de réflexion autour de ce vêtement hautement clivant. Intitulée "Ce que soulève la jupe", elle était censée donner matière à réfléchir aux lycéens sur les différentes formes que peuvent prendre le sexisme. Mais en plein débat sur la "théorie du genre", des militants de la Manif pour tous s'étaient regroupés devant les établissements pour réclamer son annulation. La police avait notamment dû intervenir devant un lycée nantais pour éviter les affrontements avec les étudiants.
"À cause des incidents, on était passés à côté du message principal, qui est la lutte contre le sexisme, donc nous voulions relancer l'initiative", explique Coline Mayaudon.
Pour éviter tout nouveau débordement, un site Internet pour expliquer le but de la Journée de la jupe a été créé. Il est possible d'y télécharger des affiches et des stickers pour préparer l'événement. Il est possible d'y demander gratuitement des autocollants.