Le 8 mars prochain, pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, il n'y a pas que les Américaines qui seront en grève pour protester contre la politique misogyne de Donald Trump. En France aussi, la résistance s'organise pour enfin faire respecter l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
À l'appel de 35 collectifs, nous sommes toutes et tous invités à arrêter de travailler mercredi 8 mars, à 15h40. Pourquoi à cette heure précise ? Parce qu'en se basant sur une journée de travail classique (9h-12h30 et 13h30-17h), les femmes continuent aujourd'hui à percevoir, à poste équivalent, un salaire inférieur de 26% à celui de leurs confrères masculins. Ce qui signifie que pour être payées justement pour le travail qu'elles fournissent, les femmes devraient quitter chaque jour leur poste à 15h40.
L'initiative est cette fois-ci soutenue non seulement par les principales associations féministes (Osez le féminisme, Les effronté-e-s, Paye ta Shnek, Femen, Collectif National des droits des femmes, le Planning familial...), mais aussi des ONG (ATTAC France, MNCP, UNEF, UNL) et des syndicats (CGT, FSU, Solidaires). Elle n'est évidemment pas sans rappeler celle initiée par les Glorieuses le 7 novembre dernier, et qui appelait les femmes à cesser le travail à 16h34. L'action avait eu un grand retentissement dans les médias, mais avait finalement été peu suivie d'effet. Le manque de coordination entre les associations et les organisations du travail avait été alors pointé du doigt.
Cette fois-ci, pas de fausse note à prévoir : les 35 associations, ONG et syndicats ont appelé de concert à une mobilisation générale le 8 mars. Inclusive, leur invitation à cesser de travailler à 15h40 concerne aussi les hommes qui supportent les femmes dans leur mobilisation pour parvenir à l'égalité professionnelle.
"Le 8 mars, ce n'est pas la journée de LA femme, où nous offrir des fleurs ou des produits de beauté, c'est la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. [...]
Nous refusons de continuer à travailler gratuitement, d'être enfermées dans les temps partiels, de ne pas avoir de perspective de carrière ou d'être confrontées à des violences sexistes et sexuelles.
À la veille de l'élection présidentielle, faisons entendre les exigences des femmes qui représentent 52% de la population. Le 8 mars 15h40, toutes et tous en grève !", appellent les signataires sur leur site Internet.
Pour inciter femmes et hommes à cesser le travail, un clip vidéo a aussi été dévoilé. On y voit des collègues discuter ou non de l'importance de suivre le mouvement. Si pour les femmes présentes autour de la table, quitter le boulot plus tôt est essentiel pour affirmer leur droit à être mieux rémunérées, ce n'est pas l'avis d'un de leurs collègues. Coût de la maternité, temps partiel majoritairement féminin, sous-représentation des femmes dans les filières les mieux payées... Tous les arguments y passent. Ce à quoi le fameux collègue répond bêtement : "Mais sinon, vous avez pas juste pensé à arriver plus tôt le matin ?"
Mais les signataires ne se contentent pas d'appeler simplement au respect de l'égalité salariale. Parce que l'égalité entre les femmes et les hommes ne se limite pas au chiffre apparaissant au bas d'un bulletin de salaires, les associations appelant à la grève ont listé 20 revendications qui profiteront aux femmes dans le monde professionnel : lutte contre les discriminations à l'embauche, revalorisation des filières féminines, protection des femmes enceintes et soutien de la parentalité, fin des stéréotypes sexistes, loi-cadre contre les violences sexistes et sexuelles, ou encore accès libre et gratuit à l'IVG sur tout le territoire.
Les féministes françaises ayant signé l'appel du 8 mars espèrent aussi mobiliser au-delà des frontières. Comme la Women's March qui a réuni partout dans le monde femmes et hommes décidés à combattre les inégalités, elles comptent sur le soutien des femmes du monde entier pour que leur appel soit entendu. Elles ont d'ailleurs reçu le soutien de la Confédération Syndicale Internationale qui rassemble la majorité des syndicats du monde. La grève devrait donc être suivie dans près de 35 pays, dont l'Allemagne, l'Espagne, les États-Unis, la Pologne, la Turquie ou encore l'Islande.