Selon un sondage réalisé en 2013 par l'Ifop pour le Défenseur des droits et l'Organisation internationale du Travail (OIT), près d'un Français sur trois estime avoir déjà été victime d'une discrimination à l'embauche. Les critères de discrimination (âge, sexe, origine, physique, situation de grossesse ou de maternité...) ne manquent pas et dans la plupart des cas, ce sont les femmes qui en sont les victimes.
Moins bien insérées sur le marché de l'emploi que les hommes, ce sont aussi elles qui sont les plus touchées par le chômage et la précarité. Elles occupent aussi 80% des postes à temps partiel, ce qui renforce leur pauvreté. Selon une enquête de l'Insee datant de 2011, 14,9% des femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté.
C'est pour dénoncer cette précarité forcée que l'association Tissons la solidarité vient de dévoiler un court-métrage frappant qui illustre la façon dont les femmes sont discriminées en entretien d'embauche. Réalisé par Jérôme Bonnell (Les yeux clairs, À trois on y va), la vidéo met en scène une femme (interprétée par Mathilda May, la marraine de l'association) se présentant à un entretien.
Tout commence pourtant bien pour elle : le recruteur lui explique que s'il a retenu sa candidature, c'est parce qu'elle a une grande expérience dans le secteur. Mais tout se gâte lorsqu'il se rend compte qu'elle a décroché pendant quatre ans. "Ah... C'est long quatre ans hein."
Tous les clichés y passent ensuite : la non-reconnaissance du travail associatif comme véritable expérience professionnelle, sa supposée non-motivation après ces quatre années, le mari qui "subvient aux besoins du ménage".
Le recruteur poursuit en félicitant la candidate pour sa lettre de motivation rédigée sans faute d'orthographe. "Vous l'avez écrite seule ?", ose-t-il lui sortir, avant de lui demander si elle a des enfants – question pourtant interdite en entretien d'embauche.
Pas une seule fois, le recruteur ne l'interroge sur ses précédentes expériences professionnelles ou sur ses compétences pour le poste. L'entretien se termine au bout de 3 minutes sur l'habituelle formule "Nous reviendrons vers vous rapidement".
"Pour moi, cette scène est terminée alors que pour des milliers de femmes, cette situation n'est pas du cinéma, c'est leur quotidien, explique en voix off Mathilda May. Aujourd'hui, une femme sans emploi, en plus de sa situation, est trop souvent victime de préjugés qui la pénalisent avant même de pouvoir faire ses preuves."
C'est pour lutter contre ces préjugés qui entravent la carrière des femmes et accroissent leur précarité que l'association Tissons la solidarité est à l'origine de cette vidéo. Elle offre aux femmes précaires un accompagnement, souvent nécessaire, pour retrouver du travail et facilite leur insertion professionnelle dans le milieu de la mode un accompagnement. Car encore aujourd'hui, il est nécessaire de rappeler aux employeurs qu'ils ont tout à gagner à embaucher des femmes et des mères de famille.