Les organisatrices de la Women's March n'ont pas dit leur dernier mot. Trois semaines après la tenue, partout dans le monde, de milliers de manifestations pour défendre les droits des femmes et des minorités, sérieusement mis à mal par Donald Trump et son administration, le compte Twitter officiel de la Women's March a annoncé ce lundi 6 février qu'une grève générale aurait bientôt lieu.
Si la date reste encore à déterminer, l'objectif est clair : montrer au nouveau président américain et à son gouvernement que les femmes et les minorités sont indispensables pour fournir la force de travail et donc faire fonctionner la société américaine. Le nom choisi pour cette grève générale n'est d'ailleurs pas fortuit : "A day without a woman", soit la Journée sans femmes.
Un peu comme l'initiative des Glorieuses, qui invitait les femmes françaises à cesser de travailler le 7 novembre dernier à 16h34 pour dénoncer les inégalités salariales, la Journée sans femmes voudrait que chaque Américaine refuse ce jour-là de se rendre sur son lieu de travail pour mener une action commune qui pourrait bien faire trembler l'économie du pays.
"À une époque où nos principes fondamentaux comme la liberté et l'égalité sont menacés, la Women's March est déterminée à livrer à des actions qui renforcent positivement la communauté, renforcent les relations et soutiennent les entreprises locales appartenant aux femmes et aux minorités", ont déclaré les organisatrices de la grande marche du 21 janvier. Ces dernières appellent aussi au boycott des entreprises ayant soutenu Donald Trump, comme Uber et Nordstrom.
La Journée sans femmes n'est pas l'unique grève qui pend au nez du nouveau président américain. Le groupe Strike4Democracy a appelé à stopper le travail le 17 février prochain pour protester contre la politique conservatrice et discriminante du nouveau gouvernement, en particulier depuis l'application du "Muslim Ban". Le 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes, une coalition d'universitaires et de militantes féministes ont lancé un appel pour "une grève internationale contre la violence masculine et la défense des droits reproductifs". Faisant directement référence au décret signé par Donald Trump, elles souhaitent que leur appel ait une vocation universaliste.
"Alors que la misogynie flagrante Trump a été le déclencheur immédiat de l'énorme manifestation du 21 janvier, les attaques envers les femmes (et tous les travailleurs) sont antérieures depuis longtemps à son administration. Les conditions de vie des femmes, en particulier celles des femmes de couleur au travail, des femmes sans emploi et des travailleurs migrants, n'ont cessé de se détériorer au cours des trente dernières années, à cause de la financiarisation et de la mondialisation des entreprises", expliquent-elles dans un éditorial publié lundi dans The Guardian.
"L'idée est de mobiliser les femmes, y compris les femmes trans, et tous ceux qui les soutiennent dans une journée internationale de lutte - une journée de frappe, de marche, de blocage des routes, ponts et des places, d'abstention à la maison, de boycott des soins, du travail et du sexe [...] pour interpeller les politiciens misogynes et les entreprises, et en installant des piquets de grève dans les établissements d'enseignement. Ces actions visent à rendre visibles les besoins et les aspirations de celles qui sont ignorées par le féminisme traditionnel : les femmes sur le marché du travail formel, les femmes qui travaillent dans les domaines de la reproduction et des services sociaux, et les femmes chômeuses ou précaires", poursuivent-elles.
Si pour le moment, on ne sait pas encore si les organisatrices de la Women's March se joindront à la grève prévue le 8 mars, elles pourraient bien participer à celle du 17 février. Selon Buzzfeed US, elles rencontreront des membres de Strike4Democracy dans les jours à venir.