Protéines, acides gras essentiels, oligo-éléments, fer : la spiruline est un super-aliment, pouvant contenir jusqu’à 70% de protéines. Déjà utilisée par les aztèques et redécouverte dans les années 1960 pour ses hautes qualités nutritives qui permettent aux populations d’éviter la famine en Afrique, cette micro-algue verte nécessite une source de chaleur pour se développer. Laurent Lecesve, ingénieur spécialisé en énergie renouvelable, décide de se lancer dans l’aventure de la culture de spiruline en Normandie, région pourtant reconnue pour ses frimas peu engageants. Il créé Hyes (Hybrid Energies & Eco-systèmes), une coopérative spécialisée dans la méthanisation, l'aquaculture, l'écoconstruction et l'éducation à l'environnement. L’ingénieur a l’idée d’exploiter les rejets de la biométhanisation pour développer ses cultures. « Issue de déchets organiques, comme les fumiers locaux, la méthanisation dégage du biogaz. L’excédent de chaleur ainsi créé permet de cultiver la spiruline », explique Sylvain Gendron, coordinateur de projets de Hyes.
Exploiter les fumiers locaux
Le projet a été lancé en 2007. Les fondateurs de Hyes commencent par rechercher un terrain. Or, la communauté de communes avait à sa disposition 70 hectares. « Le terrain dépassait largement nos besoins. Cela a donc donné naissance à l’écodomaine de Bouquetot, un écosystème d’activités basé sur plusieurs thématiques : les énergies renouvelables, l’agriculture biologique, le tourisme, la santé au naturel… », indique Sylvain Gendron. La coopérative construit un bassin de culture de spiruline et met en place un programme de recherche et développement, avec la production d’une micro-méthanisation qui produit uniquement de l’engrais pour faire pousser la micro-algue verte. Le programme a commencé au printemps 2010, financé pour partie par Oséo Innovation, la région Basse Normandie et l’Europe.
Un exhausteur de goût
Pour l’instant le bassin fait 200 m² et la production n’est pas encore commercialisée, servant plutôt à développer le programme de recherche. Mais le projet a été primé par le premier prix Jeun’ESS, qui récompense les porteurs de projets dans l’économie sociale et solidaire âgés de moins de 30 ans. « Avec les 45 000 euros ainsi gagnés, nous comptons élargir notre bassin à 500 m², explique Sylvain Gendron. Nous allons ainsi démarrer la commercialisation au printemps 2012, avec une production d’environ 150 kilos la première année ». Aujourd’hui essentiellement vendue sous forme de complément alimentaire, la spiruline se consomme de manières différentes : saupoudrée comme de la levure de bière sur une salade par exemple ou bien réhydratée et intégrée à des recettes. « Elle a un peu la texture de l’avocat, a une saveur iodée mais a surtout un rôle d’exhausteur de goût », comment Sylvain Gendron. « Notre démarche est de montrer qu’il s’agit d’un aliment ».
Des projets équitables
En parallèle Hyes mène une démarche de commerce équitable, baptisée « Spirulidaire », pour soutenir des fermes de production de spiruline en Afrique et en Inde. « Dans ces pays en développement et pour les populations locales cette micro-algue est un vrai soutien à la nutrition. Elle a été reconnue dès les années 1980 par la FAO comme instrument de lutte contre la malnutrition et la famine », rappelle M. Gendron. Quant aux pays occidentaux, la micro-algue permet de lutter contre la malbouffe. « Des petites quantités quotidiennes permettent des apports en vitamines et minéraux conséquents », souligne Sylvain Gendron. Qui conclut : « cet aliment à haute valeur nutritionnelle a un faible impact environnemental et permet de promouvoir des solutions locales d’écologie pratique ».
Crédit photo : Hyes/iStockphoto
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