Brigitte Macron le dit elle-même, les Français ont élu son mari, pas elle. Comment alors trouver sa place ? On peut rester dubitatif devant ce rôle archaïque de première dame mais on peut quand même noter que certains de nos concitoyens y restent très attachés. Brigitte Macron est populaire. De fait, si la création d'un statut peut faire grogner, on ne peut nier que dans les mentalités d'une partie de la population on lui attribue encore une fonction. Elle reçoit en moyenne 140 lettres par jour. Son mari ne savait pas quelle place elle pourrait avoir s'il était élu mais décelait déjà "une attente". La preuve aussi c'est que les magazines se servent de son image pour vendre. On compte plus de trente-cinq unes qui lui sont consacrées depuis un an.
Installée dans l'aile Madame du palais, elle a à son service deux collaborateurs et un secrétariat pour un budget de 440 000 euros par an. Son rôle est celui de conjointe du président de la République, il n'est pas officiel, seulement de la représentation. Le terme lui-même de première dame n'a rien de réglementaire, c'est une traduction informelle du terme américain de "first lady". Une tentative de lui créer un statut avait déclenché une avalanche de réactions et une pétition l'été dernier. L'Élysée a préféré éditer une charte de transparence concernant ses dépenses.
Dans une interview donnée au Monde lors de sa visite fin avril aux États-Unis, elle explique ne pas vouloir être "un pot de fleur". Mais comment en être autrement puisque le but même du rôle de première dame est justement la représentation et la valorisation de l'action d'un conjoint.
Est-il possible d'avoir une vie quand on partage la vie d'un·e chef·fe d'État ? Pourquoi une femme ou un mari de président·e ne pourrait-elle·il pas avoir sa propre activité ? Julie Gayet avait réussi. On peut même dire que François Hollande a presque fait disparaître cette fonction de représentation que Brigitte Macron vient remplir aujourd'hui. Preuve que ce rôle n'est pas indispensable et sert surtout à la communication. La journaliste Valérie Trierweiler s'y était essayée mais s'était finalement servie de sa notoriété pour soutenir des causes comme le Secours Populaire. Mais Brigitte Macron ne se voit pas en "première dame", plutôt comme une conseillère.
Le membre du gouvernement préféré de cette ancienne prof est Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation Nationale. Il ne tarit pas d'éloges sur Brigitte Macron, "c'est la prof idéale" déclare-t-il au Journal du Dimanche l'été dernier. Depuis un an elle aura baptisé un panda et serré la paluche à Schwarzenegger ou Rihana.
D'ici quelques semaines, elle précisera les sujets sur lesquelles elle souhaite porter son action. Mais on en connaît déjà les contours, enfance, handicap et vulnérabilité. Elle a multiplié les rencontres autour de l'inclusion. Très intéressée par les questions sur l'autisme, elle aurait participé à l'idée de nommer une déléguée interministérielle en charge de l'autisme fin avril.
La charité, l'éducation, la santé, des thèmes dit féminin dont les premières dames semblent avoir du mal à s'écarter. Brigitte Macron servirait d'ailleurs de caution sociale à son mari Emmanuel. Elle dit aimer organiser des visites sans média pour être sûre que ses interlocuteurs s'ouvrent sans la pression des caméras. Mais elle sait se déplacer opportunément quand son mari décroche dans les sondages comme l'explique Nathalie Schuck qui a enquêté sur elle pour Le Parisien. Les remarques sur la différence d'âge glisseraient désormais sur elle. Elle a su résister à toutes les attaques, de son histoire jusqu'aux critiques ridicules sur la longueur de ses jupes.
Le mot clef #ilestmariéavecunefemmequia24ansdeplusquelui avait été utilisé des millions de fois sur Weibo, le twitter chinois, pendant la campagne. Pour cela, on peut noter que ce couple atypique est finalement d'une normalité confondante. Nathalie Schuck rapporte que c'est plutôt Emmanuel qui ferait attention à qui elle fréquente, de peur qu'on la lui vole. La phrase prononcée le plus souvent pendant la campagne selon Marlène Schiappa aurait été "où est Brigitte ?". Alors qu'on réduit souvent les femmes à leur prénom, elle, le revendique. Elle rigole, "vous allez voir que je vais réhabiliter le prénom Brigitte !" rapporte le Journal du Dimanche.
L'autrice Gaël Tchakaloff qui a déjà travaillé sur Alain Juppé prépare une bande dessinée qui devrait sortir d'ici la fin de l'année. Elle y racontera une journée dans la vie de la première dame. Et d'ailleurs, si on arrêtait d'utiliser ce terme qui décrit un bastion de la femme potiche pour celui plus juste de "conjoint·e du ou de la président·e" ?