Le quotidien des yogi russes va bientôt voir sa sérénité bouleversée. Selon The Moscow Times et plusieurs médias du pays, les autorités de la région centrale de Russie ont appelé à la cessation immédiate des cours de yoga dans la ville de Nijnevartovsk, en Sibérie de l'ouest. Selon cette décision rendue publique le 1er juillet, les établissements privés comme publics ont interdiction de mettre leurs locaux à disposition dans le cadre de la pratique du yoga.
L'initiative de la ville vise à bannir la pratique du yoga dans toute la région. Une décision qui s'inscrit dans un plan plus large "afin de prévenir la propagation de nouveaux mouvements et cultes religieux". Tel est en effet le motif qui a été donné à au moins deux studios de yoga de Nijnevartovsk. Les représentants des établissements "the Aura" et "Ingara", qui proposent notamment des cours de Hatha yoga, ont ainsi reçu une lettre explicitant les intentions de la ville en matière de règlementation de cette activité.
Selon ces documents, la ville souhaite mettre fin aux cours de yoga où qu'ils soient dispensés. Une des lettres, signée du premier directeur adjoint de la ville Sergei Levkin, demande ainsi que toute les mesures soient prises pour mettre un terme aux leçons de Hatha yoga qui prennent place dans plusieurs locaux municipaux. Une autre lettre décrit d'ailleurs cette activité comme "inextricablement liée à des pratiques religieuses" et comme présentant "un caractère occulte".
Pour les officiels russes, le yoga aurait ainsi des fondements surnaturels dont il faudrait au plus vite protéger les citoyens. Une conception du yoga relativement simpliste pour peu que l'on s'intéresse à la nature profonde de l'activité visée. Le Hatha yoga, très pratiqué en Europe de l'ouest, insiste sur la discipline du souffle associée à des mouvements du corps qui visent à maintenir les pratiquants en bonne santé. Si ce type de yoga puise bel et bien ses origines dans le spiritualisme, sa pratique est largement acceptée comme étant avant tout un exercice de flexibilité et d'endurance.
Une suspicion officielle qui, dans les faits, n'a semble-t-il pas gagné tout l'appareil d'Etat comme le fait remarquer le Time. En 2014, le ministre adjoint des Affaires Etrangères Sergei Ryabkov avait en effet parlé du yoga en des termes plus positifs. Commentant la colère des Américains après l'annexion de la Crimée, le ministre avait recommandé avec ironie à ses homologues d'outre-Atlantique d'être "plus ouverts" et de "pratiquer le yoga". Mais pas en Russie donc.