D'après une étude publiée en 2012 par l'Industrial Psychiatry Journal , une revue médicale indienne, 13% des femmes éprouveraient une angoisse de la grossesse et en particulier de l'accouchement si forte qu'elle les dissuaderait de se lancer dans l'aventure de la maternité. Ou en tout cas les pousserait à la remettre à plus tard.
Alors que le refus de certaines femmes de devenir mères est de plus en plus abordé dans les médias - et sur un ton beaucoup moins culpabilisant qu'avant, ce qui est une bonne chose - la tokophobie, soit la peur littérale de faire des enfants, demeure taboue. C'est pour cette raison que l'article que le site Mic consacre à cette angoisse de l'ordre de l'irrationnel qui toucherait une femme sur dix en moyenne est salutaire.
On y apprend ainsi que la la tokophobie, cette terreur au sujet de la grossesse et de l'accouchement qui touche aussi bien des femmes qui veulent avoir des enfants que des femmes qui n'en souhaitent pas, se développe généralement à l'adolescence. Fait étonnant, cette peur peut également toucher des femmes ayant déjà enfanté : elle se portera dans ce cas-là précisément sur les conséquences physiques et mentales de la grossesse ou de l'accouchement.
Comment naît ce sentiment intense qui pousse certaines à renoncer à la maternité ? Les spécialistes évoquent une multitude de raisons, généralement d'ordre culturel. Ainsi, les femmes qui développent cette peur ont parfois simplement entendu leur mère tenir un discours négatif au sujet de leur expérience de la grossesse. D'autres ont subi un traumatisme sexuel qui a modifié profondément leur rapport à leur propre corps. Enfin, d'autres ont été marquées par le visionnage, à un âge peu avancé, d'une scène de film, par exemple, montrant trop crûment un accouchement et craignent depuis de vivre une expérience similaire.
Sur un forum Reddit , une internaute explique : "Tout a commencé quand j'ai vu une scène assez violente d'accouchement dabns la série Docteur Quinn, femme médecin, avec mon arrière-grand-mère. Je n'avais pas plus de 7 ans à cette époque et je me souviens d'avoir vu le sang et entendu les cris de la femme. Je me suis tournée horrifiée vers mon arrière-grand-mère et je lui ai dit : 'Est-ce-qu'avoir un bébé fait si mal que ça ?'"
Si la plupart des femmes surmontent leur angoisse, la tokophobie peut aller très loin chez certaines femmes. Une anonyme a ainsi raconté dans un témoignage pour le Guardian comment son angoisse est devenue incontrôlable pendant sa grossesse, au point qu'elle a sérieusement songé à avorter, à prendre des antidépresseurs et à demander à accoucher par césarienne le moment venu. "Je ne pouvais pas supporter que quiconque touche mon ventre, donc mon mari n'a même pas pu sentir les coups de pied de notre enfant. L'idée-même de la grossesse continue à me terrifier", a-t-elle confié.
Elle n'est pas la seule. Mic a recueilli des témoignages qui montrent à quel point la tokophobie peut paralyser celles qui en souffrent. Interviewée par le site, Alex Wege, 33 ans, explique ainsi : "Parfois, j'aimerais que la décision de faire ou de ne pas faire d'enfant me soit enlevée. Qu'un médecin me dise quelque chose comme 'Désolée, vous êtes prématurément ménopausée'". Face à cette peur panique, certaines femmes demandent la stérilisation après leur accouchement, afin de se retrouver de nouveau confrontée à leur phobie.
Un mal insurmontable ? Non, selon le Dr Jean-Philippe Rivière qui se montre rassurant : "Comme toute phobie, la tokophobie peut se guérir et vous permettre de mener une grossesse et un accouchement harmonieux."