Le concept est ô combien séduisant : écrire un recueil de poèmes, publié chez Simon & Schuster, et proposer son équivalent sonore sous la forme d'un audiobook, mais surtout d'un album musical, édité chez Polydor. Violet Bent Backwards Over The Grass est sorti sous format digital et physique ce 2 octobre. Lana Del Rey est l'autrice de cette série de poèmes, et c'est elle-même qui en fait la lecture dans ce nouvel opus tout en mélancolie.
Pour l'accompagner ? Les sonorités habitées de Jack Antonoff, musicien donc (au sein de plusieurs groupes), mais aussi producteur et auteur de renom. Voyez plutôt : il a bossé pour des stars comme Lorde, St Vincent, Taylor Swift... et donc cette chère Lana. Jack Antonoff a notamment produit Norman Fucking Rockwell, le sixième et dernier album de la chanteuse, et l'un des meilleurs de l'an dernier soit dit en passant.
Sa présence au gré de ces quatorze titres est donc rassurante pour les fans de l'artiste. Celle-ci se permet de décliner ses obsessions : solitude(s) et amours lointains, nature, nostalgie et séparation. Forcément envoûtant.
Entre spleen assumé et sérénité retrouvée, Violet Bent Backwards Over The Grass fait l'effet (déroutant) d'un podcast de développement personnel croisé avec un concours de poésie. On se laisse dériver avec les songes vaporeux de la chanteuse, des notes de guitare lancinantes en guise de berceuse. L'atmosphère sonore ? Doucereuse et étrange, comme bien des compositions de l'artiste. Un album qui ne ressemble qu'à elle.
La différence avec les autres créations de Lana Del Rey, alors ? Le sentiment de proximité, puissant. Minimalisme de l'entreprise oblige, le ton est à l'intimiste. Résultat, on a presque l'impression de vivre un confinement en compagnie de la reine du vague à l'âme. Ce qui nuance quelque peu son statut (réducteur) de simple "diva". Preuve en est que par-delà le bruit de ses derniers éclats médiatiques, la superstar désire avant tout se renouveler artistiquement.
On a même parfois l'impression de passer sa soirée au sein d'un club d'improvisations jazzy. Cette ambiance-là, troublante, sensorielle et abstraite, n'est pas anodine. Le journal Libération y perçoit l'influence directe du cinéma de David Lynch. Une comparaison de poids. Preuve en est que, déjà source d'interprétations (et surtout d'émotions) diverses, ce recueil mélodieux est loin d'être anecdotique.