Malgré son inscription dans la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, le mariage continue d'être imposé aux enfants dans de nombreux pays à l'image de l'Inde. Alors que ses parents ont tenté de l'unir pour la vie à un homme qu'elle n'avait pas choisi, la petite Rekha Kalindi, 11 ans, a eu la force de refuser ce mariage arrangé. Aujourd'hui âgée de 18 ans, la jeune femme est devenue un véritable symbole d'indépendance et de détermination dans son pays, où de nombreux concitoyens se sont mobilisés pour faire circuler son message.
A l'époque, elle n'était pas encore assez grande pour raconter son histoire en public. Mais maintenant qu'elle est adulte, Rekha a fait de ce combat contre le mariage forcé une priorité. Pressée de faire connaître son histoire à d'autres petites filles en âge d'être mariées de force par leurs parents, elle s'est donc attelée à la rédaction d'une autobiographie pour donner du courage à celles qui hésitent encore.
Intitulé "Strength to say No" ("La force de dire non"), l'ouvrage raconte ce qu'a dû endurer la petite Indienne pour avoir osé se rebeller. Alors que la fillette travaillait depuis ses 4 ans pour participer aux revenus de sa famille, elle s'est vue contrainte d'épouser un homme à l'âge de 11 ans. Une situation inconcevable pour la fillette déjà très mature, qui n'a pas hésité à dire non. Un comportement héroïque en Inde, où les enfants n'ont pas leur mot à dire lorsqu'il s'agit de parler mariage. Suite à son refus, Rekha a été violemment battue par sa mère, Manaka. Elle raconte :
"Ma mère m'attrapée par les cheveux et a continué à me frapper. J'ai essayé de m'enfuir, mais elle me tenait si fort que c'était impossible. J'ai pleuré, crié, mais personne n'est intervenu. Après plusieurs minutes de calvaire, elle s'est arrêtée. Je suis restée allongée sur le sol, tremblante de peur qu'elle ne puisse recommencer."
Malgré les coups, Rekha ne s'est pas démontée et s'est tournée vers son institutrice de l'époque pour crever l'abcès. Heureusement pour elle, cette dernière a pris les choses en main et réussi à convaincre ses parents de lui donner accès à une éducation digne de ce nom, grâce à l'aide de l'adjoint du Ministre du Travail.
Dans le petit village où elle habite, Rekha a eu la chance de profiter de l'enseignement d'une antenne locale de l'UNICEF. Un programme salvateur, qui lui a évité de subir le même destin que sa soeur aînée, mariée de force à l'âge de 12 ans. Depuis, la jeune femme se fait un devoir d'alerter la population sur les dangers d'une telle union et parcourt les écoles indiennes pour propager la bonne parole.
Devenue une source d'inspiration pour de nombreux Indiens, Rekha a gagné en popularité et son histoire sert même de support à un nouveau mouvement. En reprenant le titre de son livre, les internautes se mobilisent sur la toile, pour diffuser son message avec le hashtag #StrengthtoSayNo.
Un véritable buzz sur Twitter, où les utilisateurs (hommes et femmes) publient leur photo avec le désormais fameux slogan.
"#StrengthtoSayNo parce qu'une femme mariée sur 5 est un enfant"
"#StrengthtoSayNo parce que je ne peux toujours pas marcher seule le soir après 22h en Inde"
"#StrengthtoSayNo parce que tous les enfants méritent d'avoir une excellente éducation. La démographie ne doit pas être maîtresse de ne notre destin"
"#StrengthtoSayNo parce que j'ai le droit de choisir la personne avec qui je vais devoir passer le reste de ma vie"
"#StrengthtoSayNo parce que le mariage est un choix personnel, ne forcez pas les enfants"
La campagne devient d'ailleurs tellement populaire que les internautes l'utilisent aussi pour faire passer d'autres messages autour de la maltraitance.
"#StrengthtoSayNo aux crimes d'honneur"
"#StrengthtoSayNo à l'homophobie"
"#StrengthtoSayNo contre la corruption"
"#StrengthtoSayNo contre l'inégalité"
Le mouvement lancé par Rekha ne semble pas près de s'arrêter et c'est tant mieux. Selon l'Unicef, 700 millions de filles sont aujourd'hui mariées de force avant leurs 18 ans dans le monde. L'Inde est le deuxième pays où est célébré le plus grand nombre de mariages d'enfants, derrière le Bangladesh.