Une Assemblée Nationale sans majorité absolue : voici l'une des situations exceptionnelles engendrée par les résultats du second tour des élections législatives, lesquels se sont dévoilés ce 7 juillet 2024.
Le Nouveau Front Populaire, union des partis de gauche hexagonaux, est arrivé en tête, suscitant une surprise nationale, au sein même de ses partisans. La victoire, c'est aussi celle du fameux "front républicain" : autrement dit, l'incitation, appuyée par des désistements au sein des (très) nombreuses triangulaires, à "faire barrage" à l'extrême-droite. Un "barrage" volontiers raillé ces deux dernières décennies (par l'appellation de "castors") mais qui semble encore tenir bon malgré tout, estiment les observateurs.
Et alors que des voix militantes se sont élevées depuis l'annonce présidentielle de la dissolution afin d'alerter quant aux risques d'une victoire de l'extrême-droite sur les droits des femmes et des minorités, bien des regards se tournent désormais sur les valeurs défendues par ce "Nouveau Front" ayant obtenu, estime Ipsos, de 171 à 187 sièges au sein de l'hémicycle. Par-delà ce "retournement stupéfiant dont aucun leader de gauche n'avait rêvé", relate Libération, voix expertes et journalistes engagés s'interrogent : et maintenant ?
Si une figure comme celle de Marine Tondelier, Secrétaire Nationale des Ecologistes porteuse d'une volonté de justice climatique, et envisagée comme le "nouvel espoir" de la gauche, a suscité une forme d'engouement médiatique, l'importance de s'engager concrètement pour défendre l'état de la planète sera-t-elle au coeur des préoccupations et des luttes, alors que bien des militants ont déploré l'extrême discrétion de cet enjeu global ces dernières années ?
Après la démission supposée, tout du moins annoncée de Gabriel Attal - objet d'un discours du principal concerné au soir des résultats du second tour - faut-il s'attendre à la nomination non pas d'un, mais d'une Première ministre, qui serait issue du Nouveau Front Populaire ? Une question sur laquelle débattent de vive voix les politologues ces dernières heures. Cependant, un sujet semble moins cliver que cette problématique inhérente aux enjeux de la cohabitation : la sensibilité écologiste d'un pan du "NFP".
Ainsi le site Reporterre, autoproclamé "média de l'écologie", conçoit-il ouvertement la victoire de la gauche comme "un retournement de situation qui redonne de l’espoir aux écologistes".
En amont, ce discours de victoire de Marine Tondelier, qui l'énonce sans détour : "la justice sociale a gagné. La justice environnementale a gagné. Le peuple a gagné. Et ça ne fait que commencer. Parce que c’est l’espoir immense créé par cette union de la gauche et des écolos qui est le fait majeur de cette élection".
Mais qu'est-ce que c'est au juste, la justice environnementale ?
C'est simple.
Le site gouvernemental du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche parlerait plus volontiers "d'équité environnementale" : c'est le principe selon lequel "tous les êtres humains ont le droit, d’une part, d’être protégés des pollutions, des atteintes causées à l’environnement et des conséquences de celles-ci sur leur santé, et, d’autre part, de bénéficier d’une application équitable des lois et règlements relatifs à l’environnement".
Simplement, c'est le fait de "lutter contre les inégalités environnementales". Et est pris en considération dans cette définition, le fait de pouvoir informer sur l'environnement, la situation climatique, les enjeux environnementaux.
Pas le terme préféré de Donald Trump, donc.
Or, à ce sujet, il est à noter que des ONG, des scientifiques et des économistes engagés pour le climat ont fait paraître dans le journal La Croix une tribune afin de soutenir une assertion : le programme du Nouveau Front populaire serait selon eux "le plus crédible face à l’urgence climatique".
Et ce, notamment, en luttant contre la précarité énergétique, soutenant une rénovation des bâtiments pour une meilleure isolation... Et donc : moins de consommation d'électricité ! En somme, il s'agit de combattre les fameuses "passoires thermiques" qui concernent bien des ménages. Le Nouveau Front Populaire souhaite également stopper les financements aux énergies fossiles, initiative "plébiscitée par les scientifiques du GIEC ", indiquent les scientifiques de cette tribune, qui conclue : "ces mesures structurelles témoignent de la volonté de s’attaquer aux racines de la catastrophe écologique".
Naturellement, alors que l'évolution de la situation politique actuelle et les mesures prises dans un contexte de cohabitation demeurent encore de l'ordre de l'hypothèse et du "on dit", l'application de ces mesures - parmi lesquelles l'on pourrait également citer une meilleure accessibilité tarifaire des transports en commun, un soutien de la filière du bio, une protection des forêts, le vote d'une loi "énergie-climat" - l'est tout autant.
Mais nombreux sont les regards à se tourner désormais l'avenir : celui de la France, oui, mais aussi, celui de notre planète.