J’ai donné mon premier roman à lire à François Nourissier.
Nous étions en 1985, il n’était pas encore vieux bien qu’il n’ait jamais eu l’air jeune ; sa barbe était déjà grise et lui donnait cet air respectable et impressionnant.
Je n’ai jamais oublié ce qu’il m’a dit tout en tenant mon manuscrit entre les mains : « Il faut apprendre à sabrer dans ton texte ». Je me souviens du geste qui accompagnait le mot « sabrer ». Son bras s’abattait tel un couperet. Et il répéta le mot comme s’il avait voulu que je ne l’oublie jamais. Sabrer. « Sabrer pour rester sec, pour ne pas perdre de vue ton sujet, et surtout pour ne pas t’alanguir, pire pour ne pas risquer de te faire plaisir, mais pour servir ton texte au plus serré. »
Un second conseil devait suivre, plus personnel, il a repris les mots de Cocteau à Diaguilev : « Ce que l’on te reproche cultive le c’est toi. »
En cette rentrée littéraire, je voudrais partager les conseils que François Nourissier m’avait donné, puisque j ’étais une jeune romancière, quand j’ai eu la chance de le connaître et de l’admirer. Je préfère ne pas commenter ses propos, afin que chacun s’il le désire se les approprie et les interprète à sa manière.
Les années ont passé, à chaque parution me reviens en mémoire ce moment partagé avec François Nourissier.
Bonne rentrée aux jeunes écrivains !
Christine Orban