« J’avais besoin de toute mon énergie pour accompagner mon enfant »
« Pour moi, c’était inimaginable d’accoucher sous péridurale, et je ne me suis pas posé la question autrement.
Pour mon premier accouchement j’étais inscrite dans une clinique où le rendez-vous avec l’anesthésiste est obligatoire. Il n’y voyait pas d’inconvénient mais il m’a tout de même pourquoi je faisais ce choix. Je lui ai répondu que je ne voyais pas de raisons valables à la péridurale, sauf médicales.
La grosse piqure me faisait peur, c’est vrai, mais la vraie raison est que j’avais besoin de sentir et d’accompagner mon enfant. Plus la date de l’accouchement approchait, plus je me disais que mon bébé allait vivre un sacré truc et qu’il fallait que j’aie toute mon énergie pour l’y aider.
Je ne pensais que c’était si tabou d’accoucher sans péridurale. Pendant que je hurlais en salle d’accouchement, l’anesthésiste n’arrêtait pas de passer pour me proposer la fameuse piqure, et j’ai dû refuser à plusieurs reprises. Je me suis battue avec l’ensemble du personnel de la clinique et notamment les sages femmes. La péridurale, c’est un confort pour tout le monde (on n’entend personne crier !) mais moi ce n’était pas le confort que je cherchais. Et puis, il faut bien parler de cette autre réalité, qui est que l’anesthésie est un acte médical facturé, et que les maternités ont besoin d’argent pour exister. Moi je n’étais pas du tout une bonne cliente !
Ma mère a accouché sans péridurale, tout comme des générations de femmes. Elle m’a toujours dit que l’on oublie par la suite la douleur physique, ce qui est vrai. Mon mari lui respectait tous les choix mais je pense qu’à la fin il était content et ému. En discutant avec mes copines en revanche, je me suis rendue compte que j’étais la seule à faire ce choix. J’avais à me justifier alors que c’était évident pour moi. Je me suis sentie enviée, admirée.
J’ai eu de la chance car mes accouchements se sont bien passés, et ils ont été plutôt rapides : 4 heures pour mon fils et 3 heures pour ma fille. En revanche, je ne présume pas de mes forces si mon accouchement avait du durer 20 heures ! De même, j’étais très contente d’être dans un contexte médicalisé : pour rien au monde, je n’aurais accouché chez moi ou dans l’eau.
Pour mon premier bébé, j’ai ressenti une fulgurance au moment de l’arrivée, une sorte d’énergie naturelle très concentrée. Je ne pense pas que l’on puisse ressentir cela avec la péridurale. Pour mon deuxième bébé, j’ai eu un peu plus d’appréhension, parce que j’avais conscience de ce que j’allais vivre. Mais c’étaient les éventuelles complications qui m’angoissaient le plus. Car le contexte était différent : j’accouchais cette fois à la clinique des Bleuets dans le XIIème arrondissement de Paris, qui est beaucoup plus ouverte sur la question, et dont l’équipe est plus à l’écoute.
Pour conclure, je pense que nous les femmes, on nous a dépossédées de notre accouchement, et qu’aujourd’hui il faut se battre pour le récupérer. Pour avoir la liberté d’accoucher de façon naturelle, il faut la revendiquer. Je ne pensais pas avoir à le faire autant. Après, je ne veux pas juger les choix des autres femmes, c’est vraiment une question de ressenti. »
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