Rachel Keke pourrait devenir la première gouvernante élue à l'Assemblée nationale. Cette femme de 48 ans fut l'une des porte-parole mouvement de grève des femmes de chambre de l'Ibis-Batignolles entre 2019 et 2021, initié contre le groupe Accor, la plus longue grève de l'histoire de l'hôtellerie. On a pu la voir dans le documentaire de François Ruffin et Gilles Perret, Debout les femmes. Aujourd'hui, elle se présente aux élections législatives dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, sous l'étiquette de la gauche unie, Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale).
Née en Côte d'Ivoire en 1974, Rachel Keke a été élevée par un père conducteur de bus et d'une mère vendeuse de vêtements. A l'âge de 12 ans, elle a perdu sa mère et a du s'occuper de ses quatre frères et soeurs. Ayant passé sa jeunesse dans le 18e arrondissement de Paris, elle occupa plusieurs professions comme coiffeuse, caissière, aide à domicile pour personnes âgées, puis femme de chambre durant quinze ans, détaille Franceinfo. Un profil atypique.
Rachel Keke est considérée comme une battante. Comme le souligne Franceinfo, on la surnomme "la guerrière". Notamment pour sa participation à la mobilisation de la cinquantaine de femmes de chambre de l'hôtel Ibis des Batignolles, mouvement qui, après deux ans de lutte, a notamment abouti à une augmentation salariale, des primes et une baisse des cadences.
"Aujourd'hui, dès qu'on se plaint, ça se calme en face. On nous respecte maintenant", affirme-t-elle avec force du côté de France 3. Elle fustige les décisions gouvernementales : "Quand Macron parle de la retraite à 65 ans, sait-il que dans ces métiers-là tu es déjà mort à 58 ans ? Avec des articulations qui ne fonctionnent plus, comment tu travailles jusqu'à 65 ans ?", dénonce Rachel Keke.
Désormais, la candidate aux législatives (qui se tiendront les 12 et 19 juin prochains) désire "rendre les invisibles visibles" et dénoncer "la sous-traitance, qui est de la maltraitance". A Franceinfo, la principale concernée détaille encore : "J'ai réalisé que je pouvais protéger les autres. Ces femmes qui, souvent, ne savent ni lire ni écrire, se font toutes petites, toutes rabougries. Je veux porter ma lutte plus haut. Et c'est à l'Assemblée que tout se décide". Un point de vue pragmatique.
"Avec la lutte que j'ai menée, malgré mon niveau d'études, face au premier groupe hôtelier européen, sixième mondial, je me suis dis que je pouvais envoyer la lutte beaucoup plus haut encore. Hormis la musique et la lutte, ce que j'aime, c'est écouter les gens. Faire mon possible pour aider, ça m'a toujours fait plaisir", développe auprès de France 3 cette mère de cinq enfants, qui vit dans une cité de Chevilly-Larue.
"Je suis humaine. Je comprends les gens. On va tous mourir. On est sur la terre, le peu de temps qu'on a, on va s'entraider. Je m'en fous de la couleur de peau", explique Rachel Keke à 20 Minutes.