Dans ses romans, les jeux sur l’espace et le temps ne sont pas rares. Guillaume Musso est friand des uchronies et autres rêveries à base de « Et si… » qui sont devenues sa marque de fabrique. « C’est carrément un sous-genre littéraire de jouer sur les paradoxes temporels », nous a-t-il expliqué à l’occasion d’un rencontre organisée pour parler de son nouveau roman Demain, avant d’évoquer « Le Hasard », un film polonais réalisé par Krzysztof Kieslowski dans lequel un jeune homme se rend dans une gare sans savoir que son destin dépend de sa montée dans le train ou non.
Mais ce qui hante surtout l’auteur, ce sont les films de Hitchcock, parce qu’ils savent évoquer avec brio « le doute qui peut nous saisir concernant la vraie nature de notre conjoint ». Un thème également traité par des thriller des années 1990 qui ont marqué sa jeunesse comme « J. F. partagerait appartement » de Barbet Schroeder ou même « Liaison fatale » d’Adrian Lyne.
En évoquant Romuald, l’un des personnages de Demain, il évoque de nouveau Hitchcock et l’humour dont ses films sont teintés : « Quand on fait un film à suspense on ne peut pas tenir sur la corde raide pendant une heure et demi, il faut faire des pauses ».
Ce qu’il aime surtout chez le réalisateur de « Fenêtre sur cour » : « Le plaisir en tant que spectateur de se dire, "je me suis bien fait avoir, j’ai marché". Un sentiment qu’on retrouve dans des films comme « Seven », « Sixième sens », « Usual suspect »… Tous ces films où il y a un jeu et une manipulation avec le spectateur et qu’il essaie, « à [son] modeste niveau d’organiser aussi ». Et si son roman 7 ans après était clairement un hommage à Hitchock, il n’a pas résisté cette fois encore, à placer un petit hommage à son réalisateur culte dans son dernier roman : « Moi je suis amoureux du couple que forment Grace Kelly et James Stewart dans « Fenêtre sur cour ». D’ailleurs Kate (un des personnages de son roman ndlr) est décrite en assumant totalement ce côté hommage à Hitchcock. »
Demain, c’est l’histoire d’un couple parfait en apparence et qui va se révéler peu à peu beaucoup moins reluisant qu’il n’en a l’air. Guillaume Musso a d’ailleurs aimé Les Apparences de Gillian Flynn (Sonatine Éditions), qui avait déjà exploré ce thème et nous en conseille la lecture. Le polar qu’il aurait rêvé d’écrire ? : « Je suis un fan absolu de Jean-Christophe Grangé. De loin, je vais citer Les rivières pourpres. Grangé c’est un auteur français qui écrit des histoires qui se passent en France mais sur un rythme qui est celui qu’on retrouvait dans les bons thrillers américains comme ceux de Thomas Harris », détaille-t-il avant d’ajouter : « J’ai aussi été soufflé par la trilogie Millenium, par la profondeur des personnages, des intrigues, cette capacité à englober l’essentiel des problématiques qui traversent une société à un moment donné… »
Et le prochain livre qu’il va s’offrir ? : « J’entendais en venant que Stephen King publiait un roman sur l’assassinat de Kennedy et d’un homme qui trouve une faille temporelle, un passage vers l’année 1958 » (22/11/63 paru chez Albin Michel le 27 février ndlr). Quand on sait que la distorsion du temps est un des thèmes favoris de Musso et que Stephen King est son maître, on n'est qu'à moitié étonné.
« J’adore cette série danoise. Il y a eu un remake américain mais vraiment, si vous voulez la voir, préférez la version originale ». C'est noté.
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