Voilà une étude qui vient remettre en cause une opinion populaire. Alors qu'on imagine généralement que le fait de grandir entouré de multiples frères et soeurs est une des clefs d'une vie épanouie, des recherches menées par des économistes américains montrent que les enfants issus de petites familles réussissent mieux dans la vie.
Se fondant sur les données récoltées pendant 26 ans, cette étude, mentionnée par le Washington Post, suggère en effet que chaque enfant supplémentaire au sein d'une fratrie influerait sur le développement des membres de la famille. En résumé, être issu d'une famille nombreuse nuirait aux chances de réussite dans la vie car le fait que les parents aient moins de temps à consacrer à chaque enfant jouerait un rôle non négligeable.
Les économistes ont ainsi analysé, à partir de questionnaires très fournis remplis par les parents au sujet des capacités de leurs enfants, de leur comportement et de l'environnement dans lequel ils évoluent, l'impact d'une nouvelle naissance sur les membres d'une fratrie. Ils ont ainsi relevé que l'investissement parental, défini par des critères aussi variés que la fréquence des repas en famille, des marques d'affection et le nombre de livres possédés par chaque enfant, chutait de 3% à l'arrivée d'un nouvel enfant. Par ailleurs, les tests cognitifs réalisés par les enfants baissent de 2,8%, et les troubles du comportement augmentent avec le nombre de frères et soeurs.
D'après cette étude, loin d'être temporaires, ces effets négatifs impactent durablement la vie adulte. Les chercheurs ont ainsi observé un lien entre le nombre d'enfants par famille et le niveau d'études, les revenus et les tendances criminelles.
Pour les économistes, ces effets illustrent les effets négatifs de l'absence de politique d'aide aux parents et de congés parentaux aux Etats-Unis. En effet, ceux-ci arguent que, dans certains pays, comme la Norvège, le nombre de membres d'une famille n'a pas un tel effet négatif sur le développement de chaque enfant. Or ce pays, comme d'autres pays scandinaves, se distingue par des programmes d'aide aux familles, des congés parentaux généralisés et un système éducatif public solide. Privés de ces avantages qui participent indéniablement au bon développement des enfants, les Américains, et a fortiori les plus précaires d'entre eux, pourraient avoir à faire un choix entre "la qualité et la quantité", concluent les auteurs de cette étude.