Nombreuses sont les sportives de haut niveau a être montrées du doigt lorsqu'elles décident de poursuivre leurs entraînements malgré leur grossesse. Et pour cause, historiquement, les conseils donnés aux femmes enceintes relatifs à l'exercice physique a toujours été confus et spéculatif, comme le fait, par exemple, qu'une future maman au ventre bien rond devrait cesser toute activité sportive durant neuf mois.
Pourtant, une récente étude menée à Lausanne, en Suisse, à la demande du Comité International Olympique (CIO), défend tout le contraire. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont étudié la grossesse de plusieurs athlètes féminines afin de déterminer si, oui ou non, le sport avait un impact négatif sur le déroulement de la gestation.
Et leur conclusion - publiée le British Journal of Sports Medicine - est sans appel : "Il n'y a que peu d'études sérieuses qui se sont intéressées à la grossesse chez les athlètes de haut niveau ou des femmes ayant une pratique très régulière. Pourtant, beaucoup continuent à s'entraîner pendant leur grossesse sans que cela ait un impact négatif. [...] "La pratique sportive ne nuit ni au foetus, ni à la mère", explique le professeur Kari Bo de l'Ecole norvégienne des sciences du sport et co-auteur de l'étude à la BBC. Avant d'ajouter que, contrairement à ce que l'on croit, faire du sport n'augmente en aucun cas le risque de fausse couche.
Malgré la réticence de certaines personnes, les bénéfices du sport pendant la grossesse seraient multiples, tant pour la mère que pour l'enfant. Cela peut, entre autres, réduire les douleurs péruviennes voire en empêcher l'apparition, limiter le risque de diabète. L'activité physique serait également bénéfique pour la prévention et le traitement des maladies foeto-maternelles. Bien sûr, certains sports sont prohibés comme la plongée, l'équitation et les sports d'équipe, par exemple, où le risque de chutes est impossible à éviter.
La grossesse incompatible avec la poursuite d'un entraînement sportif ? De nombreuses athlètes s'attellent à déconstruire cette idée préconçue en participant à de grandes compétitions en dépit de leur future maternité. Comme lors des Jeux Olympiques de 2012, à Londres, où Nur Suryani Mohamed Taibi, une sportive originaire de Malaisie enceinte de huit mois, a participé aux épreuves de tir à la carabine. Ou encore en 2014, lors des championnats des Etats-Unis, où la quintuple championne nationale, Alysia Montano, a concouru au 800m.
Et plus récemment, l'Américaine Sarah Brown qui, malgré la naissance de son enfant à venir - et qui a eu lieu en mars dernier -, a continué ses entraînements pour avoir une chance de participer aux sélections des JO de Rio, au Brésil cet été. Et toutes ces sportives de haut niveau ont par ailleurs accouché dans de très bonnes conditions.
Et, à chaque médiatisation de ses histoires, les critiques (surtout négatives) n'ont eu de cesse de pleuvoir, notamment sur les réseaux sociaux, rappelant à ces femmes leur irresponsabilité, leur inconscience et surtout leur égoïsme. Autant de piques acerbes qui, indirectement, poussent certaines athlètes à cacher leur grossesse aux médecins, craignant de mettre à mal leur carrière.
Au-delà du simple fait de ne pas vouloir prendre de poids et/ou retrouver le plus vite possible leur taille de guêpe, ces femmes se voient animées d'un désir fort de poursuivre leur vocation, faite de sacrifices et de travail acharné. Car leur but n'est pas tant de récolter des likes sur les réseaux sociaux en montrant leur ventre bien rond mais plutôt de faire leur travail et de relever, une fois de plus, un nouveau défi.
Au professeur Kari Bo de conclure : "Les quelques études que nous avons montrent que les athlètes enceintes réduisent l'intensité et la fréquence de leur entraînement d'elles-mêmes, en fonction de leur ressenti" et que quoi qu'il arrive, les femmes restent les meilleurs juges au cours de leur grossesse.