Dans un pays comme l’Inde, qui compte 1,25 milliard d’habitants et a entrepris de freiner – au prix d’une politique nataliste souvent décriée – le taux de natalité, ce sont des propos qui ne passent pas inaperçus.
Mardi 6 janvier, Sakshi Maharaj, un parlementaire membre du parti nationaliste hindou au pouvoir en Inde a demandé expressément « aux femmes hindoues d’avoir au moins quatre enfants pour protéger la religion hindoue », lors d’une visite à une congrégation religieuse de Meerut, ville située dans l’État de Uttar Pradesh au nord du pays.
Les propos de ce membre du Bharatiya Janata Party (BJP) ont immédiatement déclenché l’indignation sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes demandant notamment au Premier ministre indien Narendra Modi, lui aussi de confession hindouiste et membre du BJP, de s’expliquer. « Pourquoi le Premier ministre a-t-il gardé le silence depuis 24 heures ? Est-ce la nouvelle politique démographique de l’Inde ? Le pays veut savoir, la nation veut une réponse », a demandé Abhishek Manu Singhvi, un haut responsable du parti du Congrès, désormais dans l’opposition.
Si les propos tenus par Sakshi Maharaj ont particulièrement mal été accueillis par les partis d’opposition, c’est qu’ils interviennent dans un contexte particulier : celui d’une opposition de plus en plus franche entre hindouistes – qui représentent près de 80,5% de la population indienne – et les autres confessions. En décembre dernier, le Premier ministre Modi avait été vivement critiqué pour avoir refusé de se désolidariser d’un autre député du BJP qui, lors d’un meeting, avait demandé aux militants s’ils voulaient d’un gouvernement conduit « par les enfants du (Dieu hindou) Ram ou des enfants de bâtards ».
Dans le discours qu’il a tenu mardi, Sakshi Maharaj a d’ailleurs apporté son soutien aux récentes opérations de « re-conversion » d’Indiens d’autres confessions (chrétienne et musulmane notamment) à l’hindouisme. Selon les groupes chrétiens et musulmans et les opposants au gouvernement, cette conversion forcée à l’hindouisme est commanditée par des organisations radicales proches du BJP. Tous dénoncent une atteinte à la liberté de conscience.
>> Inde : ces chiffres préoccupants sur les droits des femmes <<