Dans une centaine de pays dans le monde, les femmes ne peuvent pas accéder à un emploi en raison de leur sexe. C'est l'un des nombreux constats alarmants établis par la Banque Mondiale dans son rapport sur les droits des femmes dans le domaine professionnel qui vient de paraître mercredi 9 septembre.
On y apprend également que dans 18 pays, les femmes ne peuvent travailler si leur époux estime que cela peut nuire aux intérêts de la famille, et que dans 32 pays, elles ne peuvent faire une demande de passeport sans l'autorisation de leur conjoint.
"Dans de nombreuses économies du globe, de multiples obstacles juridiques empêchent les femmes d'améliorer leur situation économique, les excluent de certains emplois, limitent leur accès au crédit et les privent de toute protection face aux violences", assène le rapport, qui s'est penché sur 173 pays, contre 143 lors de l'enquête précédente datant d'il y a deux ans.
Depuis, des progrès ont été faits : en effet la Banque mondiale a comptabilisé 94 réformes législatives dans 65 pays en deux ans. Mais ces quelques avancées ne changent rien au fait que dans 100 pays sur les 173 qui ont été étudiés, les femmes sont confrontées à des restrictions leur empêchant d'accéder à certains emplois.
Parmi les 15 pays où les femmes sont le plus empêchées de travailler ou de créer une entreprise, 11 se trouvent au Moyen-Orient : l'Arabie saoudite, la Jordanie, l'Iran, le Yémen, l'Irak, Bahreïn, les Émirats arabes unis, Oman, la Syrie, le Qatar et le Koweït. S'y ajoutent l'Afghanistan, le Soudan, la Mauritanie et le Brunei.
Le rapport ne s'attache pas uniquement aux barrières empêchant les femmes d'accéder à l'emploi, mais également à l'absence de législation encadrant les congés paternité ; dans la moitié seulement des pays qui figurent dans le rapport un congé paternité a été mis en place.
Les principaux progrès observés concernent les lois protégeant les femmes de la violence. 127 pays disposent aujourd'hui de législations contre les violences faites aux femmes "alors qu'il n'y en avait quasiment pas il y a 25 ans", note le rapport. Parmi les pays analysés, il en reste cependant 46 qui n'ont toujours pas mis en place de protections juridiques contre les violences.
Dans Les Echos, Sri Mulyani Indrawat, directrice générale de la Banque mondiale, écrit : "Il existe un lien étroit entre la lutte contre la pauvreté et l'égalité des sexes. C'est la raison pour laquelle nous travaillons avec de nombreux pays afin d'éliminer les obstacles sexistes. Les décideurs ont le choix. Ils peuvent se fonder sur la masse de données factuelles qui attestent les avantages économiques de l'égalité pour purger leurs systèmes des lois discriminatoires qui freinent les femmes. Ou alors ils peuvent maintenir le statu quo et condamner des sociétés entières à plus de pauvreté".