Les hommes et les balais ne font toujours pas bon ménage. La femme du XXIe siècle effectuerait d'ailleurs presque autant d'heures de ménage que ses aïeules. Cet état de fait ne relèverait pourtant pas du sexisme. Selon la journaliste britannique Louisa Peacock, qui travaille pour le Telegraph, si les hommes ne se ruent pas sur les tâches ménagères, c'est parce qu'ils pensent que la maison est déjà propre. Louisa Peacock raconte ainsi l'expérience qu'a menée son amie mariée. Celle-ci a décidé de ne pas jeter les ordures pendant quelques temps afin de voir si et quand son partenaire réagirait. Sans surprise, la poubelle n'a cessé de gonfler jusqu'au jour où le mari a remarqué l'ampleur du désastre et enfin sorti les ordures. Attendait-il que sa femme s'occupe de la corvée ? Il semblerait que non. Il n'aurait en fait pas pensé à s'en occuper avant que le problème devienne incontournable. Une anecdote qui rappellera sans doute quelque chose à nombre d'entre nous... et qui vient confirmer les conclusions d'une étude américaine aux prétentions plus scientifiques.
Pour mener à bien leur expérience, les professeures Amanda J. Miller, de l'Université d'Indianapolis et Sharon Sassler, de la Cornell University of Human Ecology ont divisé 30 couples volontaires en trois groupes : le premier nommé « couple conventionnel » au sein duquel l'homme est la principale source de revenus même si la compagne travaille ; le second était formé de « couples contestataires » où l'un des deux partenaires souhaite plus d'égalité dans la relation ; enfin le dernier groupe rassemblait des « couple contre-conventionnels » où la femme est la principale source de revenus. Constat peu surprenant : au sein du couple conventionnel, la femme réalise la majorité des tâches ménagères, à l'image de cette volontaire qui explique : « J'essaie de prendre mes responsabilités pour beaucoup de choses dans la maison. Je fais même sa lessive... Parfois je me sens coupable parce qu'il dépense plus que moi pour notre maison. » Au sein du couple contestataire, c'est généralement la femme qui demande légalité face aux corvées domestiques. Si la situation est plus équitable dans ce groupe, les hommes concernés ont du mal à comprendre le pourquoi de la tâche ménagère régulière : « Je ne vois pas la saleté habituellement. Je n'ai pas l'impression qu'il soit nécessaire de faire le ménage », explique l'un d'entre eux. Dans le dernier groupe, les femmes restent tout de même celles qui effectuent le plus de tâches à la maison, même si elles gagnent plus d'argent que leur conjoint. « La division du travail est telle que je suis celle qui passe la serpillière. Parfois il (son conjoint, ndlr) nettoie s'il voit que je suis très en colère ou frustrée mais en fait je fais tout pour éviter les disputes », raconte une des femmes dont les habitudes ont été étudiées.
Alors d'où vient le problème ? Pour Amanda J. Miller, citée par Buzzfeed, les hommes actifs ou inactifs perdent peu à peu leur pouvoir économique, « et le moyen trouvé pour garder un peu de privilège masculin, c'est d'avoir des privilèges à la maison », conclut-elle. D'ailleurs, selon une précédente étude du Center for American Progress, les hommes sont encore plus passifs côté tâches ménagères après un licenciement. De plus, même si la situation progresse doucement, les hommes diplômés ne sont pas toujours enclins à considérer les tâches ménagères comme une responsabilité. Le couple conventionnel est celui qui traverse le moins de disputes mais cela ne signifie pas qu'il s'agit du meilleur modèle. Selon Amanda J. Miller, « le meilleur modèle est celui où les comportements de chacun respectent les convictions individuelles ». L'important est de « parler à votre partenaire avant d'emménager ensemble ». En effet, déplore-t-elle, « peu d'entre eux se sont assis pour avoir une conversation autour de qui fait quoi et quand ».
Salima Bahia
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