Que celui à qui cette situation n'est pas déjà arrivée nous jette la première pierre : il est 13h45, vous êtes en train de finir votre pause déj en surfant sur le web. Alors que vous scannez votre fil d'actualité Facebook d'un oeil distrait, bim, vous tombez sur une vidéo de chat. Incapable de résister au plaisir gratuit de contempler la dernière trouvaille féline de Youtube, vous cliquez. Et là, vous ne savez pas ce qu'il se passe exactement, mais le temps se distend, et quand vous reprenez vos esprits, il est presque 14h et vous venez de vous enfiler une quinzaine de vidéos de chats mignons, drôles ou juste étranges. Et vous culpabilisez à l'idée de ne pas avoir mis ce temps à profit pour préparer votre réunion ou avancer sur votre reporting.
Jessica Gall Myrick, une professeure assistante de l'université d'Indiana, aux États-Unis, s'est penchée justement sur ce phénomène en analysant l'effet des vidéos de chats sur les gens. Elle vient de publier ses conclusions dans une étude intitulée : "Régulation de l'émotion, procrastination et visionnage de vidéos de chats en ligne : qui regarde des chats sur Internet, pourquoi et pour quel effet ?"
"La consommation de médias impliquant des chats en ligne mérite notre examen empirique, car on se rend compte que les internautes passent un temps non négligeable à regarder des vidéos de chats, et ce parfois alors qu'ils sont censés accomplir d'autres tâches comme travailler ou étudier", écrit Jessica Gall Myrick en préambule.
Il ressort de son enquête, menée auprès d'un panel de 7 000 personnes, que les gens se sentent plus énergiques, plus heureux et moins stressés après avoir regardé une vidéo de chat, et ce, même si la culpabilité les taraude car ils étaient censés faire autre chose à ce moment-là. "En pratique, ces découvertes témoignent du fait que le visionnage de vidéos de chats a en effet thérapeutique et déstressant pour les internautes", écrit Jessica Gall Myrick.
Tout l'intérêt de son travail consiste ainsi à démontrer que ces contenus ne sont pas populaires simplement parce qu'ils sont faciles à consommer et légers, mais parce qu'ils font se sentir bien les personnes qui les consomment.
Comme le note le Washington Post, cette thèse est dans le droit fil de la "théorie de la gestion de l'humeur" ("mood management theory" en anglais, ndr), qui postule que les gens sont en quête de contenus qui les aident soit à se sentir mieux, soit à rester de bonne humeur. "Cette théorie explique pourquoi les gens malheureux écoutent généralement de la musique joyeuse, par exemple, et pourquoi les femmes souffrant de syndrôme pré-menstruel regardent plus de comédies que les autres", note le Washington Post.