Une répartie qu'on envie peu.
Sur ses réseaux sociaux, où il est abondamment suivi, l'influenceur Alex Hitchens est connu, par-delà ses formations "professionnelles" controversées, pour ses propos sensiblement proches de la communauté... Masculiniste.
Les "mascus", ces hommes qui propagent une idéologie se pensant pertinente sur l'étude des genres, mais qui se voit le plus souvent dédiée à la haine des femmes, lesquelles sont associées dans ces discours à toute une flopée de croyances proclamées comme véridiques. Un mouvement banalisant la masculinité toxique et auquel l'on associe les Incels, ces célibataires "involontaires" désignant les femmes comme les responsables de leur frustration sexuelle...
Et le plus souvent, les "vérités" déployées par ces créateurs de contenus sont surtout pensées pour faire réagir. Ce sont des formules-chocs, provocatrices, polémiques. La preuve avec cette nouvelle vidéo abondamment relayée d'Alex Hitchens. Dialoguant avec Clara VYX, une ancienne travailleuse du sexe (strip teaseuse, et actrice de films pour adultes, aux côtés de AD Laurent) devenue vidéaste et influenceuse, l'orateur emploie à l'égard de son invitée sa rhétorique... Subtile.
"Aujourd'hui dans mes vidéos j'essaie de proposer des choses différentes et quelque chose de plus qualitatif qu'avant. Ca passe par le contenu, le style vestimentaire, la discrétion aussi. Même si je ne suis toujours pas parfaite...", lui explique la créatrice de contenus.
Réponse très sobre de son interlocuteur ?
"En gros tu essaies de faire moins pute qu'avant".
Et ça ne s'arrête pas là...
Pas le genre de "punchline" qu'on aime voir mise en avant dans notre TL.
Mais la discussion se poursuit de plus belle. "OK... C'est intéressant, intéressant", enchaîne tout de go Alex Hitchens lors de sa table-ronde. Une réaction moins virulente qui peine à minimiser cependant la démonstration très décomplexée et en quelques mots à peine d'un très vaste phénomène : le slut shaming, bien évidemment.
A savoir ?
Et bien, le fait de juger une femme sur sa sexualité supposée, et à travers elle son discours, son attitude, ses tenues également, systématiquement, afin de lui faire comprendre qu'elle devrait ressentir gêne, culpabilité et, le combo gagnant : honte.
Mona Chollet en a dédié un essai entier, au sentiment de "culpabilisation".
Bon, et parmi ses auditeurs, ce n'est pas vraiment mieux non plus.
"Carla passera toujours pour une timp’…", "La discrétion ? Y'a deux mois elle faisait encore la p*te !", "Partout, c'est pareil, les femmes utilisent leurs charmes puis se plaignent ensuite", "Ce genre de femmes c'est des poubelles", peut-on effectivement lire en guise de réactions sur TikTok. On a déjà lu déclarations d'amour plus romantiques.
Beaucoup s'amusent de la répartie de l'influenceur.
D'autres cependant tiennent des propos plus... "Mesurés". Comme cet internaute, qui semble déplorer l'image sans cesse rattachée aux travailleuses du sexe, même lorsque celles-ci débutent une nouvelle carrière : "En vrai y a qu’a voir la vision que les gens ont encore de Clara Morgane ou de Mia Khalifa (qui, en soi, ont passé très peu de temps dans le X) même aujourd'hui". Ou cette utilisatrice de TikTok, qui ironise : "Alex en tant que meuf je me demande bien ce qu’il aurais fait tiens !".
Certaines préfèrent en rire que d'en pleurer...
Mais les voix militantes elles aussi se font entendre.
Récemment encore, Zahia Dehar, plus connue sous le simple nom de Zahia, fustigeait avec éloquence la "putophobie", et donc, le "slut shaming". Dénonçant : "On met les femmes dans des catégories et les femmes qui ont le malheur d’être dans cette catégorie de "mauvaises femmes", dans ces cas-là, la société leur fait payer un prix qui est énorme, qui est horrible".
"Mais pourquoi être une p*te c'est mal ?", taclait la jeune femme.
Et d'asséner encore avec la même force, à travers son discours féministe pro-sexe : "Pourquoi être une traînée, c'est mal ? Moi jusqu'à présent personne ne m'a donné d'explication rationnelle à ce sujet : pourquoi être une p*te c'est mal, pourquoi être une traînée c'est mal... Très tôt dans ma vie, on m'insultait de p*te, alors que je n'avais même pas encore de vie sexuelle !... faites attention ! vous n'avez pas intérêt à être une mauvaise fille ! une traînée, une dévergondée... Pourquoi tout ça c'est mal déjà ?"
"Ceux-là mêmes qui t'insultent, ils ne savent pas pourquoi c'est mal !"
Un son de cloche quelque peu différent retentit à travers les entretiens légèrement moins bienveillants d'Alex Hitchens.