Si vous avez déjà rattrapé les premiers épisodes hilarants de la saison 3 de LOL, qui rit, sort !, une ritournelle obsède forcément (et fatalement) votre esprit : le "Wop bop a loo bop" que décoche régulièrement Leïla Bekhti. Dans l'émission, la célèbre actrice a fait de cette rengaine sa signature comique. Une onomatopée qu'elle accompagne d'un peigne géant, d'une perruque et d'un look à l'avenant : forcément rock'n'roll.
Et fédérateur comme il faut. Car ce running gag rend le public fou. Il suffit d'observer ces réactions de fans, hilares ou plus perplexes : "Ça me tue de rire ce truc", "Wapbapboulouba !", "Au début c'était marrant, mais elle l'a fait entre 3 et 6 fois la ça soule", "Quand je l'ai vu je m'étais dit direct que ça allait devenir un mème", "OLOPABALOUBA LOBEBOU".
Forcément rock n roll, car on devine naturellement d'où lui est venue cette punchline : de la musique rock bien sûr. Celle d'Elvis Presley, qui n'hésitait pas à clamer "Wop bop a loo bop a lop bom bom" sur scène, mouvements de hanche sulfureux à l'appui, notamment dans sa reprise du hit "Tutti Frutti". C'est du King que semble s'inspirer Leïla Bekhti avec ce bon mot.
Et pourtant... Rien n'est moins sûr.
Car comme bien des ingrédients fondamentaux du rock, il faut remonter au pionnier Little Richard pour trouver la première itération de la chose. C'est effectivement en 1955 que la légende du rock invente cette onomatopée improbable... Mais pourquoi donc ?
En s'exclamant "Wop bop a loo bop a lop bom bom" lors des performances toujours très physiques de son premier hit "Tutti Frutti", l'électrisant musicien afroaméricain Little Richard, Richard Wayne Penniman de son vrai nom, souhaitait simplement imiter... le bruit d'une batterie.
D'où le côté déchaîné et frénétique de cette punchline familière, qui finalement n'est pas si éloignée du beatbox. "D'ailleurs même quand il aura une vraie batterie, avec un orchestre au complet derrière lui, tout le monde s'arrêtera de jouer pour qu'il balance ce truc. A capella", observe sur les ondes de France Inter la journaliste musicale Rebecca Manzoni.
"Ce roulement de tambour fait avec la bouche, c'est comme tirer sur une ficelle pour démarrer un moteur. A chaque fois, ça relance la machine infernale de la chanson", s'enthousiasme l'experte.
La formule a fait ses preuves, et est restée, jusqu'à perdurer au fil des décennies... Et des mouvements. Ainsi des groupes de rap comme Cypress Hill n'hésiteront pas à cligner de l'oeil à Little Richard au beau milieu des années 90 avec leur "Wopbabalubop". Par-delà la culture afro-américaine, icônes plus contemporaines de la pop comme du rock ont recyclé l'onomatopée : c'est notamment le cas d'Elton John, mais aussi de Queen, Freddie Mercury n'ayant pas son pareil pour donner de la voix à la chose comme on peut s'en douter.
C'est dire si le son a fait du chemin jusqu'à devenir le "Wop bop a loo bop a lop bom bom" de Leïla Bekhti. Une onomatopée qui fédère... Alors que rien n'était écrit. Car "Tutti Frutti", le son d'origine, n'avait rien de forcément mainstream dans les années 50. "Noir et homosexuel, Little Richard connaît son premier succès avec " Tutti Frutti ". Mais dans sa version originale, Little Richard en avait fait un hymne homosexuel, avec apologie de la sodomie", se souvient encore Rebecca Manzoni. Plus subversif qu'on ne pourrait le croire donc...