Tout est parti d’un Tumblr lancé en septembre intitulé « Woman Tax ». Sur celui-ci, Géraldine Franck, une féministe proche du collectif Georgette Sand, répertorie des exemples d’inégalités de prix entre des produits de consommation (ou des services) destinés à des hommes et à des femmes. Des photos prises dans les supermarchés illustrent ces écarts de prix souvent frappants.
Mû par cette initiative, le collectif Georgette Sand a décidé de s’attaquer frontalement à une enseigne en particulier, à savoir Monoprix. Et de lancer, mardi 28 octobre une pétition contre la marque qui applique des tarifs différents sur des produits du même type. Exemple cité dans la pétition : les rasoirs jetables et les gels de rasage Monoprix. « Les femmes payent 1€80 pour 5 rasoirs jetables Monoprix. Les hommes, eux, payeront 1€72 pour 10 rasoirs Monoprix avec les mêmes caractéristiques. Quand les femmes payent 2€87 pour 200 ml de gel de rasage, les hommes ne déboursent que 2€39 », indique le collectif. La pétition exige que l’enseigne de distribution « propose, pour des produits équivalents, les mêmes prix pour les femmes que pour les hommes ». Sur Change.org, la pétition a déjà recueilli plus de 16 000 signatures.
La « woman tax », ou le fait de faire payer plus cher un produit ou un service aux femmes, peut néanmoins se justifier dans certains cas. Par exemple, on peut concevoir aisément qu’un coiffeur pratique des tarifs plus élevés pour les clientes que les clients et ce, dans la mesure ou couper les cheveux d’une femme requiert plus de compétences et de temps.
Mais que dire des cosmétiques ? L’argument du marketing genré selon lequel les produits cosmétiques sont plus chers pour les femmes car elles en utilisent plus et sont plus prêtes à débourser plus de l’argent que les hommes est caduque à une époque où ces derniers prennent de plus en plus soin de leur beauté.
Dans sa réponse au collectif Georgette Sand, Monoprix argue que ces différences de prix sont dues à des écarts en termes de demande du marché. « Pour les rasoirs jetables : les références pour les hommes présentent des volumes de vente largement supérieurs aux modèles pour femmes, permettant ainsi un prix d’achat inférieurs ». Et l’enseigne de distribution de donner des contre-exemples en évoquant des produits plus chers pour les hommes que les mêmes destinés aux femmes.
La justification, si elle se tient, paraît néanmoins un peu courte. Monoprix se réfugie, en effet, derrière des explications principalement économiques sans fournir, par ailleurs, de données exactes et précises sur les chiffres de vente de ces deux produits. Il est donc difficile de valider ou contester leur argumentation. Et ce, sans parler de la grande différence de prix observée.
En tout état de cause, l’initiative du collectif Georgette Sand a eu le mérite d’attirer l’attention sur une pratique injuste. Le site Les Nouvelles News rapporte en effet que Pascale Boistard, la secrétaire d’Etat aux Droits des femmes, a fait savoir qu’elle se penchait sur la « woman tax », comme en témoigne son tweet envoyé hier. Bientôt une étude sur les prix genrés ?
.@Georgette_Sand Moi aussi, j'y pense en me rasant :-) #womentax pic.twitter.com/OCauI9iV2w
— Pascale Boistard (@Pascaleboistard) October 28, 2014
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