La maladie d'Alzheimer serait à l'origine de 60 à 70 % des cas de démence, d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette condition neuro-dégénérative est caractérisée par une perte progressive de la mémoire et de certaines fonctions intellectuelles conduisant à des répercussions dans les activités de la vie quotidienne. Parmi les symptômes, on remarque des pertes de mémoire, donc, mais aussi la difficulté à planifier ou à résoudre des problèmes, la confusion dans le temps et/ou l'espace, la difficulté à réaliser des tâches familières ou encore des changements d'humeur ou de la personnalité.
Pour ce qui est des personnes atteintes, les chiffres sont formels : environ 60 % d'entre elles sont des femmes. Leur déclin cognitif est également plus rapide que chez les hommes ; c'est-à-dire que leur état se détériore plus vite. "Le fait que les femmes soient plus touchées a souvent été mis sur le compte d'une espérance de vie plus élevée", explique à L'Obs la neurobiologiste Chantal Mathis, qui milite pour une recherche plus genrée. "Mais des études sur les risques génétiques d'avoir Alzheimer ont montré que des femmes porteuses de certains risques génétiques ont plus de chances de développer la maladie que les hommes porteurs des mêmes risques."
Pourquoi, au juste ? Des observations menées en France et en Italie suggèrent un lien avec la ménopause.
L'experte française explique ainsi que les "hormones sexuelles" et leur raréfaction post-ménopause pourraient être en cause. Ainsi, celles-ci "diminuent à cet âge de la vie, or elles ont un effet protecteur sur le cerveau avant la ménopause", affirme Chantal Mathis.
Une hypothèse soutenue par Elena Tamagno, co-chercheuse principale du département de neurosciences et de l'institut de neurosciences de la fondation Cavalieri Ottolenghi (NICO) de l'université de Turin en Italie. Dans une étude publiée dans le Journal of Alzheimer's Disease, la spécialiste détaille que "la perte d'oestradiol (un oestrogène, ndlr) pourrait être l'un des facteurs conduisant au déclin de la fonction cognitive chez les femmes". Le rapport avance également qu'un "remplacement oestrogénique précoce post-ménopausique peut protéger contre la maladie d'Alzheimer". Un espoir pour réduire les risques ?
Pour ce qui est de la maladie une fois déclarée, dont la gravité va s'accentuer plus rapidement chez les patientes que chez les patients, Chantal Mathis évoque que cela "pourrait s'expliquer par un déficit de connexion chez les femmes, entre deux régions du cerveau importantes pour la mémoire, l'hippocampe et le cortex préfrontal", détecté à un stade précoce.
Elle déplore toutefois que l'on ne sache pas encore "grand-chose aujourd'hui sur la différence de vulnérabilité homme-femme face à la maladie d'Alzheimer." Et condamne : "Il faut dire que la prise en compte du genre dans la recherche est encore trop rare."