« Je devais sans cesse expliquer qu’en tant que femme, oui j’avais le droit d’entrer à l’université en Iran. » Lors de ses études à Harvard, Maryam Mirzakhani, la lauréate de la médaille Fields faisait figure d’extra-terrestre en tant qu’Iranienne spécialisée dans les mathématiques. Ce qui en dit long sur les poncifs concernant l’accès des femmes aux études supérieures en Iran.
Or, contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est bien en Iran que Maryam Mizakhani a découvert son goût pour les mathématiques. Après deux médailles d’or remportées aux Olympiades internationales de mathématiques, elle est entrée à l’université de technologie de Sharif, à Téhéran. Puis, licence de mathématiques en poche, elle obtient l'autorisation d’émigrer aux Etats-Unis pour poursuivre ses études supérieures.
Le fait est, bien que leurs droits soient souvent bafoués, les femmes sont plus nombreuses à faire des études supérieures que les hommes en Iran. Comme le note le blog de Libération « Lettres de Téhéran », le nombre de femmes admises est passé de 40% à plus de 59,9% durant la dernière décennie, alors que le nombre d’élèves (féminins et masculins) est resté le même. Et d’ici deux ou trois ans, Les femmes seront 70% à obtenir leur diplôme universitaire. Le président Hassan Rohani ne s'y est pas trompé et a exprimé sa reconnaissance via notamment le réseau social Twitter.
Congrats to #MaryamMirzakhani on becoming the first ever woman to win the #FieldsMedal, making us Iranians very proud pic.Twitter.com/oVL98NRdVF
— Hassan Rouhani (@HassanRouhani) August 13, 2014
Si la récompense attribuée à Maryam Mirzakhani le 13 août est historique, c’est davantage parce que les mathématiques reste un domaine largement dominé par les hommes. En France, comme le rappelle Le Monde, en 2012, seuls 18% des maîtres de conférence en mathématiques fondamentales étaient des femmes. Quant aux prix prestigieux récompensant les recherches mathématiques, ils ont toujours été décernés à des hommes. Du moins, jusqu’à aujourd’hui…
Maryam Mirzakhani a déclaré au moment de l’annonce de l’attribution de la médaille Fields : « Je suis sûre qu'il y aura de nombreuses autres femmes qui remporteront ce genre de récompense dans les années à venir ». Il est fort probable que ce prix encourage bien d'autres mathématiciennes à briser le plafond de verre et ce, pour faire mentir une autre idée reçue : celle selon laquelle les femmes seraient moins douées en mathématiques pour des raisons biologiques.
>> Non, les filles ne sont pas moins douées en maths que les garçons <<