C'est une réalité : les filles sont beaucoup moins nombreuses que les garçons à entreprendre des études scientifiques. Pire encore : les femmes, aussi douées soient-elles, ont bien du mal à trouver leur place dans le monde des mathématiques. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : depuis la création de la médailles Fields en 1936 - l'équivalent du prix Nobel de mathématiques-, 52 médailles ont été décernées à des hommes tandis qu'aucune femme n'a été distinguées pour ses travaux.
En France, le CNRS n'est pas épargné par le phénomène : le centre de recherche compte 84% de mathématiciens, contre 16% de mathématiciennes. Et les chiffres ne sont pas plus encourageants à l'Université. « Il reste aujourd'hui une trentaine de femmes professeurs de mathématiques pures » contre 500 hommes environ, déplorait en 2012 la présidente de l'Association Femmes et Mathématiques Laurence Broze, également directrice de l'UFR de Mathématiques à l'Université de Lille III. « Toutes disciplines et grades confondus, on a à l'université 40% des femmes pour 60% d'hommes. En mathématiques, c'est 20% de femmes pour 80% d'hommes. »
Faut-il alors en conclure que les femmes sont génétiquement moins douées pour les matières scientifiques, et en particulier pour les maths, que les hommes ? Une étude scientifique rapportée par le site de France Info vient prouver le contraire.
Réalisée par les chercheurs de l'Université de Provence, la première étude a été réalisée auprès d'écoliers et d'écolières divisés en deux groupes mixtes. Les chercheurs ont alors montré à chacun des groupes une figure géométrique complexe et leur ont demandé de la reproduire de mémoire, à main levée. Il a cependant été dit au premier groupe qu'il s'agissait d'un exercice de géométrie, au second que c'était un exercice de dessin. Résultat : dans le premier groupe, les filles ont moins bien réussi l'exercice que les garçons, à la différence du second groupe où les filles se sont révélées meilleures que leurs camarades.
Il s'agissait pourtant rigoureusement du même exercice. Comment alors expliquer que les filles du premier groupe aient moins bien réussi que celles du second ? Pour les chercheurs de l'Université de Provence, c'est la catégorisation de l'exercice comme épreuve de mathématiques qui en est la cause.
Persuadées d'être moins douées en maths que les garçons, les filles reproduiraient, malgré elles, cette idée préconçue. Et c'est ce poids des stéréotypes qui découragerait aussi les filles douées en mathématiques d'entreprendre des études scientifiques.
« Imaginez, vous êtes une fille et tout le monde vous répète à petites doses insidieuses et répétitives, pour votre bien, que les filles ne sont pas bonnes en maths, qu'elles n'ont pas une bonne vision dans l'espace, etc. Que peut-il se passer ? Pour quelques-unes, ce sera un défi de prouver à ses profs, à ses parents que ce sont des idées fausses mais pour la plupart, elles se conformeront aux attentes des adultes et elles donneront raison aux idées reçues. C'est ce qu'on appelle une prophétie auto-réalisatrice. En psychologie sociale, on parle de la "menace du stéréotype" », explique Véronique Slovacek-Chauveau, vice-présidente de l'Association Femmes et Mathématiques dans une interview accordée au site Café Pédagogique. «Les mathématiques peuvent être difficiles pour les filles comme pour les garçons, ni plus, ni moins, poursuit-elle. La bosse des maths n'existe pas, c'est une invention de la phrénologie à la fin du XIXe siècle que nous traînons depuis dans notre sillage. C'est une idée dangereuse : elle dédouane les élèves de travailler soit parce qu'il/elle aurait cette fameuse bosse soit parce qu'il/elle ne l'a pas et n'a donc pas besoin de travailler, c'est inutile. »
Preuve que les femmes peuvent elles aussi s'avérer aussi brillantes en logique que les hommes, le prestigieux prix Poincaré, qui distingue chaque année des chercheurs dans le domaine de la physique mathématique, n'a pas été remporté en 2011 par une, mais par deux femmes, Nalini Anantharaman et Sylvia Serfaty.
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