La visite d'État que François Hollande débute au Mexique ce jeudi n'a rien d'ordinaire tant les enjeux sont nombreux. D'un côté, il y a l'Élysée qui entend profiter des deux jours que dureront le voyage pour apaiser les tensions nées de l'affaire Florence Cassez. Objectif pour la France : accroître les échanges et les investissements avec la deuxième économie d'Amérique Latine mais aussi renforcer la coopération culturelle, universitaire et scientifique entre les deux pays. D'un autre côté, ce voyage officiel constitue peut-être l'une des dernières chances pour une mère de retrouver ses enfants. Nul doute donc que l'ombre de cette affaire sensible planera sur les échanges franco-mexicain pendant les prochaines 24 heures.
Cette affaire, c'est celle de Maude Versini, une Française qui accuse son ancien époux d'avoir enlevé leurs trois enfants après leur divorce, et de les retenir au Mexique depuis décembre 2011. Un dossier d'autant plus épineux que l'homme en question est un proche du président mexicain Enrique Pena Nieto. « Je me bats contre mon ex-mari Arturo Montiel, qui a été gouverneur de l'État de Mexico, immensément puissant et parrain politique du président actuel du Mexique », a d'ailleurs confirmé Maude Versini sur les ondes d'Europe 1. « Il a été classé dans Forbes comme le septième homme le plus corrompu d'Amérique Latine. Il n'hésite pas à user de toutes ses influences, il n'a peur de rien et se sent au-dessus des lois », a-t-elle encore ajouté.
Preuve de l'influence sans limite du père de ses enfants, cette mère désespérée soutient qu'il serait parvenu à corrompre les juges chargés de la procédure qui les opposait. Elle raconte notamment que les magistrats mexicains lui avaient « donné raison dans tous [ses] procès en 2012 » avant de changer d'avis sans raison apparente et sans qu'aucune pièce ne soit ajoutée au dossier. « Ces juges m'ont interdit un droit de visite. J'estime que mes droits sont violés, la convention de La Haye bafouée », déplore-t-elle, confiant par ailleurs que ses enfants, avec qui elle ne peut plus communiquer qu'une fois par mois par téléphone, ne l'appellent plus maman. « Ma fille m'appelle Madame. On les convainc que je suis une mauvaise mère. »
Maude Versini espère maintenant profiter du voyage officiel du président français pour obtenir gain de cause. Quelques heures avant qu'il ne s'envole pour le Mexique, elle n'avait pas hésité à s'adresser directement à lui via Twitter.
@fhollande @EPN @LaurentFabius JE VOUS EN SUPPLIE vous etes mon dernier espoir; 3 enfants francais sont retenus au Mex depuis 2 ans 1/2 HELP
— Maude Versini Lancry (@MaudeVersini) April 9, 2014
Dans la foulée, elle avait reçu le soutien de l'ex-première dame, Valérie Trierweiler, cette dernière mettant au passage la pression sur le Quai d'Orsay.
Je soutiens @MaudeVersini qui n'a pas vu ses 3 enfants depuis 847 jours, retenus par leur père au Mexique.Aidons la. @francediplo doit agir.
— Valerie Trierweiler (@valtrier) April 9, 2014
Un simple tweet vu d'un mauvais œil par le gouvernement - qui craint qu'il n'envenime les relations entre Paris et Mexico -, mais qui a redonné espoir à Maude Versini. « Valérie Trierweiler m'a beaucoup aidée. Elle m'a reçue à deux reprises à l'Élysée l'année dernière. Elle était très sensible à cette affaire », a-t-elle fait savoir. Avant sa séparation de François Hollande, la journaliste de Paris Match aurait même envisagé d'aller au Mexique, a encore raconté la mère de famille. « Je suis très contente de son soutien et il m'est précieux », s'est finalement réjouie celle qui n'espère qu'une chose : « que François Hollande [lui] ramène [ses] enfants ».
Maud Versini a mis en ligne un site dédié à son affaire. En page d'accueil, le cruel décompte du nombre de jours depuis lesquels elle n'a pas revu sa projéniture.